American Airlines

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Thierry Brun, Editions Kubik, American Airlines

samedi 30 août 2014

Meilleures Ventes Romans policiers et Thrillers.

« Les Deux Mondes » , de Neal Stephenson
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« Richard Forthrast a fui l'Iowa dans les années 1970 pour échapper à la guerre du Vietnam. Réfugié dans les Rocheuses canadiennes, il a fait fortune en important illégalement de la marijuana sur le territoire américain. Passionné de jeux vidéo, il y a ensuite investi une partie de son argent dans la société Corporation 9592, qui exploite T'Rain, un jeu en ligne au succès international.

Lorsqu'un mystérieux hacker commence à rançonner les joueurs de T'Rain, une poursuite s'engage pour le démasquer. Très vite, la piste mène en Chine, là où des milliers de gold farmers jouent en permanence afin d'acquérir des artefacts de jeux vidéo, qu'ils revendent ensuite aux joueurs occidentaux. Lorsque la mafia russe, que le même hacker vient de dépouiller de dossiers brûlants, s'en mêle, la partie devient très rapidement mortelle. »

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"...Ma foi, quand on porte le nom de l'inventeur, en 1829, de la « Rocket », digne ancêtre de la locomotive à vapeur, que l'on naît aux Etats-Unis, à Fort Mead, riante bourgade du Maryland où siège la NSA, alias Big Sister – La Grande Indiscrète –, et se visite le Musée national de cryptologie, qui plus est en 1959, l'année de La Mort aux trousses, et ce dans une famille où les sciences dures (physique, biochimie, génie électrique) sont de tradition, il n'est rien d'étonnant à ce que l'on devienne un des sombres messies de la science-fiction actuelle.

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Dont acte avec le romancier et essayiste Neal Stephenson, œil de mage, crâne ras et bouc gris acier, dont Sonatine publie Les Deux Mondes, un opulent techno-thriller accusant 1 200 pages sous la toise. Tout juste parue, la première partie, titrée Le Réseau, narre par le menu un ­affrontement planétaire, dans le monde des jeux vidéo, entre mafia russe et hackers asiatiques ; le tome II, La Frontière, sortira le 21 août.
Stephenson, physicien et géographe de formation, est un grand ingénieur de l'imaginaire, un hybride complexe chez qui se nouent passion totale pour l'investigation informatique et numérique et goût pour les amples chantiers narratifs..."

http://www.lemonde.fr/livres/article/2014/06/05/geeks-et-gangs-de-neal-stephenson_4432537_3260.html
 
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Meilleur Polar. Genre : Intense et troublant.

 Tobie Nathan. Serial Eater



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« Le mardi 11 septembre 2001, un psychiatre parisien nommé Abdelaziz Padoue reçoit un étrange patient : au lieu de se laisser examiner, c'est lui qui conduit l'entretien avec le praticien. Le vendredi suivant, une main de femme sectionnée est découverte sur l'autel d'une église de Paris. C'est une jeune et jolie juge, Béatrice Belle Darmentières, qui est désignée pour instruire cette affaire hors du commun. Elle s'adjoint les services d'un criminologue à forte personnalité, connu pour ses méthodes peu classiques. "

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" Mais une relation intense et troublante se dessine bientôt entre les deux enquêteurs, et Belle Darmentières se retrouve plongée au coeur d'une tempête professionnelle et affective, confrontée à une affaire qui la dépasse, elle ne sait plus qui croire ni à quel dieu se vouer. »


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"Une société en mouvement

Dans son livre, Tobie Nathan explore une société en pleine mutation : la société post 11 septembre. Très ébranlé dans ses principes, dans ses idéaux, le monde d'aujourd'hui se cherche des défenses. Comment se protéger de tous les dangers extérieurs ? En ayant la foi ?"

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" C'est à travers cette optique que Nathan organise son histoire puisque, outre l'affrontement entre un juge et un assassin, c'est aussi une confrontation entre deux « religions » ennemies que l'auteur met en avant : le nazisme et le judaïsme. On a l'impression d'assister à un retour en arrière, à l'époque où les nazis cherchaient à étouffer cette plaie qu'étaient les juifs pour eux. Et parallèlement, cette façon de voir le monde est très actuelle puisque les deux religions ennemies d'aujourd'hui, le christianisme et l'islamisme, reproduisent un schéma similaire."

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"Tobie Nathan fait aussi de son assassin néonazi un étrange paradoxe. Sa théorie de l'absorption du pouvoir, de l'essence, des Juifs pour mieux les anéantir est très contradictoire. Pourquoi avoir une connaissance aussi pointue, laisser des messages dans une langue haïe ?"
"Nathan traduit, ici, sa propre théorie sur les religions, à savoir que, pour pouvoir coexister dans une paix relative, les êtres humains doivent reconnaître les différences entre les dieux, s'intéresser aux dieux des autres."

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"L'autre point fort de ce roman réside dans la clarté dont fait preuve l'auteur dans son traitement de l'histoire. Malgré des personnages tourmentés, au profil plutôt compliqué, Nathan raisonne et écrit en scientifique : l'enquête, la quête, de la juge Belle Darmentière est décrite précisément, minutieusement, ce qui souligne d'autant plus l'aspect complexe de chacun des protagonistes. Plus qu'un polar donc, Serial Eater pose la question de la place de la religion dans notre vie quotidienne, dans la réalisation de nos actions. Dans quelle mesure nous influence-t-elle, nous définit-elle dans le contexte actuel ? Tobie Nathan invite véritablement le lecteur à se remettre en question par rapport à ses croyances mais aussi par rapport à celles d'autrui."

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Roman policier français. Entretien. Le silence de la mort.


« …les méditations silencieuses du commissaire Maigret ne sont pas sans inconvénient ».



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" Laissant entendre par là que le rythme des récits où il apparaît en souffre. Et qu'avec un tel personnage « fumant de nombreuses pipes », répondant « évasivement aux questions dont on le harcèle », n'énonçant « ni hypothèses, ni commentaires », ce qu'il appelle « le secret de l'énigme » est faussé."




" On ne peut pas ne pas songer ici à un curieux texte de Paul Morand ayant servi de préface, en Lord Peter devant le cadavre, un recueil de nouvelles criminelles de Dorothy Sayers. Je dis curieux car, tout en faisant l'éloge du roman policier, tout en affirmant que celui-ci est la littérature de la vie moderne, après que l'homme, grosso modo, vers, a été « dépossédé de ses miracles », et qu'« un bon roman détective », comme il est dit, est« toujours une réussite de l'intelligence, un produit de l'imagination la plus vivace», Paul Morand assigne des limites très strictes au genre et refuse, sur un ton péremptoire, de lui octroyer des lettres de noblesse. « Son rôle, précise-t-il en substance, n'est pas de sonder les ténèbres des âmes, mais d'actionner des marionnettes par un impeccable mouvement d'horlogerie. »





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Et il renchérit aussitôt sur l'opinion de Dorothy Sayers elle-même par ces mots des plus explicites : « Elle a raison de dire que le roman policier appartient à la littérature d'évasion et non à la littérature d'expression. Son domaine est l'action pure ; il ne pourrait s'arrêter ; ses morts eux-mêmes ignorent le repos, car ils s'agitent et crient vengeance d'un bout à l'autre du livre [...] Pareil à ces danses macabres qui plaisaient à nos aïeux, au moyen âge, il nous montre la Mort, non plus classiquement armée d'une grande fa ux, mais masquée de velours, gantée de caoutchouc, cachée dans des fioles et des seringues, dissimulée dans le canon des brownings, guettant le financier, la femme du monde, le frêle héritier et les mitraillant l'un après l'autre avec toutes les ressources de la science moderne. »





http://www.arllfb.be/ebibliotheque/seancespubliques/23112002/baronian.pdf



" La Mort entre par notre fenêtre, durant notre sommeil, surprend la courtisane dans son bain, l'homme d'État dans son bureau ; elle utilise les ondes, les bactéries, les rayons invisibles, toute notre poésie de silence, de vitesse, de laboratoire »



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Le Parti de la mort.

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«  Rudolf Lang est en 1913 un jeune allemand de 13 ans vivant à un en Allemagne dans une famille modeste mais dont l'autorité familiale est très puissante. Après la fin de la guerre comme l'Allemagne n'avait le droit de n'avoir que 100 000 militaires, Rudolf doit redevenir un civil, et pour vivre, il enchaîne petits travaux sur petits travaux. Finalement il obtient une ferme et y vit assez bien."
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"Là il découvre le Parti nazi et s'y engage. Puis après une lente ascension dans les échelons hiérarchiques du Parti, il est contacté par le Reichsführer Himmler qui lui demande s'il veut se charger de régler le problème Juif en Europe (la Solution Finale) et lui propose un terrain près de la Commune d'Auschwitz en Pologne. Rudolf, après maintes hésitations, accepte... »
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«  L'histoire du livre est tirée de faits réels : Rudolf Lang a existé. Il s'appelait en réalité Rudolf Hoess et il était le créateur et un des commandants du camp d'Auschwitz. La première partie du livre est une « reconstruction » de sa vie de d'après les résumés des entretiens du psychologue américain Gilbert avec Ru dolf Hoess dans sa cellule, lors des procès de Nüremberg. La seconde partie, où Robert Merle dit lui-même dans la préface qu'il a véritablement fait œuvre d'historien, en retraçant la mise au point d'Auschwitz d'après les documents du procès de Nüremberg. »
 
« J'ai, en lisant le début du livre, été rebuté par la lenteur à laquelle l'histoire arrive au sujet évoqué par le titre. En effet, dans les deux premiers tiers, l'auteur nous raconte la vie du héros avant les camps de concentration et cela, au bout d'un moment, m'a paru long. Mais comme le détail dans cette description permettait de faire sentir au lecteur l'inexorable montée du sentiment nazi à l'intérieur d'une personne, pour qui il aurait été impensable, au commencement de l'histoire, d'imaginer les atrocités qu'elle a commise ultérieurement à Auschwitz."



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" La période décrivant la vie au camp d'Auschwitz était assez dure car les événements qui étaient exposés étaient crus, sans expressions détournées pour adoucir un peu l'horreur. De plus le point de vue interne du narrateur, qui était un SS, montrait l'indifférence des nazis face à la monstruosité de leurs actions. "


" J'ai bien aimé ce roman pour sa façon de présenter, « de l'intérieur », l'Allemagne nazie et la façon d'embrigadement des esprits ; surtout pour montrer que les SS sont des personnes « déshumanisées » (expression donnée à Rudolf dans le livre, lors de son procès). J'ai aussi apprécié le titre car il résume bien l'état d'esprit du personnage principal qui ressort dans les dernières pages du roman : Rudolf considère son métier comme banal et insignifiant et il n'a aucun sentiment ni de remords, ni de culpabilité. »


http://www.robertmerle.free.fr/xtra/dossier.pdf


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vendredi 29 août 2014

Polar Français. Pleine Couverture.





1945. Du Polar américain. Raymond Queneau :
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« L'attention de l'auteur et du lecteur n'est plus portée sur l'intrigue, mais sur les personnages qui dessinent cette énigme [...]. La brutalité et l'érotisme ont remplacé les savantes déductions. Le détective ne ramasse plus de cendres de cigarette, mais écrase le nez des témoins à coups de talon. Les bandits sont parfaitement immondes, sadiques et lâches, et toutes les femmes ont des jambes splendides ; elles sont perfides et traîtresses et non moins cruelles que les messieurs. »
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La transformation :

«  En plus de ces campagnes de promotion autrefois propres à la littérature « classique », le management des collections de polar se modifie : fusion des collections, mise en avant du packaging de la collection (on peut donner l'exemple de « La Série noire » qui, sous l'influence de Patrick Raynal décide en 2001 de modifier la couverture noire sans illustration pour une photo en pleine couverture et un agrandissement de format), recherche du « héros récurrent » (Pepe Carvalho, Fabio Montale) ou des auteurs vedettes (Mary Higgins Clark, James Ellroy, Ellis Peters…)…
 polar 4
" Sur ce dernier facteur, on remarque le parallèle entre la littérature « classique » et le polar : on achète désormais un « Daeninckx » comme on achèterait un roman de littérature « blanche », d'où l'importance pour les maisons d'édition de composer leur catalogue avec ces auteurs « locomotives » qui confortent le statut d'auteur, pièce maîtresse de la littérature « légitime ».
 polar 3

«  Cette mise en avant des auteurs, par le biais de pages web qui leur sont consacrées, d'interviews, permet d'associer au genre du polar la figure de l'écrivain, du créateur, propre à la littérature « blanche ». Ces stratégies s'inscrivent en résonance avec un travail d'anticipation de la réception. De nombreuses études ont été réalisées sur les lecteurs de polar, un genre qui, par sa singularité, intrigue les éditeurs. Ainsi les maisons d'édition réalisent des questionnaires auprès de leurs lecteurs et mettent souvent en place un cahier des charges précis des éléments nécessaires au succès d'un « bon » polar. »
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« JC Grangé est devenu un auteur de référence en matière de thriller made in France grâce à un processus commercial qui a insisté, notamment lors de la sortie de L'Empire des loups (2003) sur les avis des critiques américains sur le livre.
De plus, les maisons d'édition sont entrées dans un double processus de segmentation (multiplication des sous-genres) et d'hybridation (brouillage des frontières entre les sous genres). La segmentation permet de retrouver trois « grands » secteurs : le monde du noir, le polar historique et le thriller. »
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« Le roman noir ou néo-polar marque, comme nous l'avons expliqué précédemment, le milieu éditorial à partir des années 70. De son père fondateur (Manchette) à ses successeurs (Daeninckx, Jonquet, Fajardie, Pouy…), il est composé de facteurs essentiels : la description et la dénonciation de la réalité sociale, un ton sombre et simple..." "....la recherche des motifs (souvent d'origine sociale) du meurtre ou de l'acte de violence et enfin des règles implicites concernant les personnages - souvent à la marge et consommateurs de produits illicites- les lieux et la présence quasi-obligatoire de la violence sous toutes ses formes. »

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" Le roman noir connaît ses plus grands succès dans les années 70-80 mais il sera vite concurrencé par d'autres nouveaux sous-genres tels que le polar historique. »


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« Enfin, le dernier sous-genre est le thriller (en anglais, « ce qui fait frissonner »). Genre difficile à définir, il peut être cependant caractérisé par certaines spécificités. Il se rapproche notamment du roman d'épouvante (on peut penser à Stephen King) et met souvent en scène une menace imminente, qu'il s'agisse d'un tueur en série ou d'un complot terroriste. De ce fait, il est, tout comme le roman noir, très ancré dans la réalité, mais une réalité plus « technique », centrée par exemple sur des techniques de la police scientifique ou bien plus en rapport avec l'actualité politique internationale."
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« De plus, les thrillers sont écrits dans un style particulier, caractérisé par une grande vitesse narrative, d'où l'expression «page turner » qui désigne des livres qui tiennent tellement en haleine que le lecteur ne réussit plus à les fermer. Ce sous-genre dont la définition est floue et qui englobe donc des auteurs totalement opposés crée la confusion au sein des maisons d'édition : entre thrillers « féminins » (les Mary Higgins Clark ou Patricia Cornwell) et les thrillers « masculins », la différence est de poids..."
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Les poles.

« Le premier pôle est appelé le « pôle gestionnaire commercial ». Ici, les objectifs de concurrence et les contraintes commerciales sont intégrés par la collection qui va tenter de prendre en compte ce qu'elle perçoit comme les exigences de son lectorat. Ainsi, elle met en avant ses auteurs de best-sellers ou ses chiffres de ventes faramineux."
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"De ce fait, elle possède un catalogue d'auteurs et de titres impressionnants et importe de nombreux auteurs. « Le Masque », « Laffont » et « Albin Michel » entrent dans cette catégorie."

Le deuxième pôle est le « pôle académique légitime » : il est consacré par le biais de prix littéraires et l'aval de la critique. Il est doté d'un capital symbolique fort et peut donc cibler ses « coups de promotion » sur un auteur particulier, reconnu par tous. Souvent, les directeurs de ces collections sont d'anciens auteurs ou des professionnels du milieu policier. Il s'agit des collections « Gallimard, Série Noire », « Rivages » ou « 10/18 ».

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 L'étude ici : http://doc.sciencespo-lyon.fr/Ressources/Documents/Etudiants/Memoires/Cyberdocs/MFE2007/gadiollet_e/pdf/gadiollet_e.pdf
" Enfin, le dernier pôle est le « pôle des entrants innovateurs » : ces collections ont de l'ambition et jouent sur des succès commerciaux et une certaine reconnaissance par les instances de consécration légitimes. Cependant, elles insistent sur l'aspect intellectuel de leurs choix d'auteurs, revendiquant une place pour la littérature policière au même titre que la littérature « blanche ». On peut citer « Viviane Hamy » ou « L'Atalante »

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Polar Français. La plus blonde, la plus belle, la plus myope, la plus dangereuse.

Sébastien JAPRISOT : « La dame dans l'auto ( avec des lunettes et un fusil ) »

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« La dame dans l'auto : la plus blonde, la plus belle, la plus myope, la plus sentimentale, la plus menteuse, la plus vraie, la plus déroutante,
la plus obstinée, la plus inquiétante des héroïnes… »…
Sébastien Japrisot a le don de commencer ses romans sur des phrases sans queue ni tête. C'est le roi de l'incipit inintelligible qui nous donne envie d'aller plus loin pour comprendre de quoi il retourne.
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A vrai dire, on se rend bien vite compte que ce n'est pas seulement l'incipit qui est déroutant. En effet, toute la construction du roman est elle-même une course d'orientation plutôt alambiquée, et ce, jusqu'au dernier paragraphe où la solution, la vérité, éclate (enfin) au grand jour. C'est du suspense à gogo qui nous tient hors d'haleine jusqu'à la dernière page. Et c'est probablement ce qui fait tout son charme.
Ceci est un roman policier mais qu'on ne se méprenne pas: ceci n'est pas un roman froid et calculateur comme peuvent l'être les aventures de Sherlock Holmes ou d'Hercule Poirot. Non. Car Japrisot favorise la vision psychologique de l'incident. De ce fait, on se retrouve généralement avec un personnage complètement dérouté qui doute de tout, même de son identité, et l'on suit avec intérêt ses questionnements, internes et externes, jusqu'à la solution de l'événement perturbateur qui l'a tant déstabilisé.

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« Je n'ai jamais vu la mer » nous confie Dany Longo, notre héroïne, et mentalement nous lui répondons: « Oui et alors ? Où veux-tu en venir ? » C'est une phrase à la banalité effarante qui nous pousse à continuer notre lecture car, petit curieux et grand cartésien, nous voulons comprendre! Nous en apprenons, petit à petit, plus sur cette jeune femme sans grande particularité qui, ayant décidé d'emprunter la voiture de son patron le temps d'un week-end pour aller voir la mer, se trouve rapidement totalement dépassée par les événements et perd la boussole lorsqu'elle découvre… un cadavre dans le coffre de la voiture.
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"Et voilà qu'en deux temps, trois mouvements, une kyrielle de questions se bousculent dans la tête du lecteur ! Partant d'une incohérence, il rationalise sensiblement sa narration jusqu'au point d'impact, le vrai mystère dans toute sa splendeur à travers un triangle policier peu commun : un homme mort, la présence d'un fusil, arme incongrue, et une femme paumée au point de se demander si ce n'est pas elle, la coupable !"

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" Encore une fois, Sébastien Japrisot, qui aime faire forte impression, n'a pas loupé son coup. Mais ce qui le rend exceptionnel, c'est son fin dosage des ingrédients d'un bon roman à suspense. Car doucement, sans qu'on ne comprenne comment, ses histoires, toutes aussi échevelées les unes que les autres, s'éclairent. Maître dans l'art puzzléen, cet homme a, aura et mérite toute notre admiration. Car donner du sens à l'insensé, et ce, dans ses moindres détails, c'est un talent aussi rare que précieux…"

http://cultureremains.com/sebastien-japrisot-la-femme-dans-lauto-avec-des-lunettes-et-un-fusil
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Romans populaires. Le genre noir.



Le roman Noir
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" Le roman noir est souvent considéré comme un dérivé des premiers romans d'énigme, ce qui lui confère une place de droit dans l'ensemble policier. Mais en fait, roman d'énigme et roman noir se développent en même temps, à la fin du XIXè siècle, à partir du roman populaire."
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" Il faut dire que le succès des premiers romans policiers éclipse les origines plus mêlées du genre noir, dont la naissance doit beaucoup aux populaires dime novels qui, aux États-Unis ont révélé Nick Carter, le plus célèbre des premiers détectives, dès 1886. Ce sont dans les dime-novels des "western stories" qu'étaient publiées les histoires de Buffalo Bill, héros des lecteurs américains."
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" Or, il n'y a qu'un pas entre les aventures de la frontière, qui mettent en scène un héros solitaire luttant contre le mal incarné par les Indiens, aux aventures de la jungle urbaine, qui, avec le développement des villes, réinvestissent ce type de héros aux prises avec la corruption engendrée par la vie en société, et ce pas est franchi à la fin du XIXè siècle."
 pop 4
" C'est ainsi que le roman noir originel n'est pas tant, comme on pourrait le croire, une forme dérivée du roman d'énigme, mais, comme l'explique Régis Messac, une évolution du "roman de la prairie" au "roman de la vie urbaine"
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" La plupart de ces premiers détectives sont des Buffalo Bills qui ont quitté leurs grandes bottes pour revêtir le costume du citadin, et continuer à traquer les criminels comme ils traquaient les Indiens."
 pop 6
" Cette filiation n'est pas sans importance pour comprendre les spécificités du roman noir : en effet, à n'envisager celui-ci que par rapport au roman d'énigme, l'articulation entre les deux types de héros est incompréhensible. Dans le roman d'énigme, le héros ne fait partie de l'histoire qu'en tant qu'il résout l'énigme inaugurale; mais il ne risque pas sa vie, ce sont ses qualités de réflexion et ses aptitudes à raisonner qui font progresser l'intrigue. Dans le roman noir, le héros est ancré dans l'univers diégétique; il participe physiquement, au mépris de sa vie souvent, aux diverses transformations de l'histoire."
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" Dans le roman noir, c'est l'univers diégétique qui, souvent, sert de fondement à la transgression sociale constituant l'enjeu du roman. Ainsi, de nombreux critiques mettent en corrélation naissance du roman noir et crise économique de 1929, même si l'origine effective du roman noir est antérieure de quelques années (voir le premier hard boiled de Caroll John Daly). Cette erreur chronologique, peut-être liée à l'émergence d'une "légende dorée" du roman noir, a cela d'intéressant qu'elle souligne le lien entre société en crise et roman noir. Dès le début de son histoire, celui-ci utilise comme trame les problèmes sociaux."

" L'apparition du roman noir au début des années vingt s'expliquerait donc par 1) les conséquences de la première guerre mondiale : après la mort de cinquante mille soldats, la désillusion s'installe, reflétée par la littérature (voir par exemple Ford Madox Ford, No more parades; Dalton Trumbo Johnny s'en va-t-en guerre). le bouillonnement social entretenu par les socialistes américains : par exemple, la grande grève générale à Seattle en février 1919, où cent mille ouvriers paralysent la ville…"

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 http://www.vox-poetica.org/t/lna/belhadjin.pdf
" Dans ce contexte troublé, c'est à un détective de l'agence Pinkerton, qui trouve dans son travail de la matière romanesque, que l'on doit l'un des premiers grands romans noirs : Dashiell Hammett. C'est en 1929 que paraît Red harvest (La Moisson rouge)"


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jeudi 28 août 2014

Polar Français. Pleine Couverture.




1945. Du Polar américain. Raymond Queneau :

« L'attention de l'auteur et du lecteur n'est plus portée sur l'intrigue, mais sur les personnages qui dessinent cette énigme [...]. La brutalité et l'érotisme ont remplacé les savantes déductions. Le détective ne ramasse plus de cendres de cigarette, mais écrase le nez des témoins à coups de talon. Les bandits sont parfaitement immondes, sadiques et lâches, et toutes les femmes ont des jambes splendides ; elles sont perfides et traîtresses et non moins cruelles que les messieurs. »

La transformation :

«  En plus de ces campagnes de promotion autrefois propres à la littérature « classique », le management des collections de polar se modifie : fusion des collections, mise en avant du packaging de la collection (on peut donner l'exemple de « La Série noire » qui, sous l'influence de Patrick Raynal décide en 2001 de modifier la couverture noire sans illustration pour une photo en pleine couverture et un agrandissement de format), recherche du « héros récurrent » (Pepe Carvalho, Fabio Montale) ou des auteurs vedettes (Mary Higgins Clark, James Ellroy, Ellis Peters…)…

Sur ce dernier facteur, on remarque le parallèle entre la littérature « classique » et le polar : on achète désormais un « Daeninckx » comme on achèterait un roman de littérature « blanche », d'où l'importance pour les maisons d'édition de composer leur catalogue avec ces auteurs « locomotives » qui confortent le statut d'auteur, pièce maîtresse de la littérature « légitime ».

«  Cette mise en avant des auteurs, par le biais de pages web qui leur sont consacrées, d'interviews, permet d'associer au genre du polar la figure de l'écrivain, du créateur, propre à la littérature « blanche ». Ces stratégies s'inscrivent en résonance avec un travail d'anticipation de la réception. De nombreuses études ont été réalisées sur les lecteurs de polar, un genre qui, par sa singularité, intrigue les éditeurs. Ainsi les maisons d'édition réalisent des questionnaires auprès de leurs lecteurs et mettent souvent en place un cahier des charges précis des éléments nécessaires au succès d'un « bon » polar. »

« JC Grangé est devenu un auteur de référence en matière de thriller made in France grâce à un processus commercial qui a insisté, notamment lors de la sortie de L'Empire des loups (2003) sur les avis des critiques américains sur le livre.
De plus, les maisons d'édition sont entrées dans un double processus de segmentation (multiplication des sous-genres) et d'hybridation (brouillage des frontières entre les sous genres). La segmentation permet de retrouver trois « grands » secteurs : le monde du noir, le polar historique et le thriller. »

« Le roman noir ou néo-polar marque, comme nous l'avons expliqué précédemment, le milieu éditorial à partir des années 70. De son père fondateur (Manchette) à ses successeurs (Daeninckx, Jonquet, Fajardie, Pouy…), il est composé de facteurs essentiels : la description et la dénonciation de la réalité sociale, un ton sombre et simple..." "....la recherche des motifs (souvent d'origine sociale) du meurtre ou de l'acte de violence et enfin des règles implicites concernant les personnages - souvent à la marge et consommateurs de produits illicites- les lieux et la présence quasi-obligatoire de la violence sous toutes ses formes. »
" Le roman noir connaît ses plus grands succès dans les années 70-80 mais il sera vite concurrencé par d'autres nouveaux sous-genres tels que le polar historique. »



« Enfin, le dernier sous-genre est le thriller (en anglais, « ce qui fait frissonner »). Genre difficile à définir, il peut être cependant caractérisé par certaines spécificités. Il se rapproche notamment du roman d'épouvante (on peut penser à Stephen King) et met souvent en scène une menace imminente, qu'il s'agisse d'un tueur en série ou d'un complot terroriste. De ce fait, il est, tout comme le roman noir, très ancré dans la réalité, mais une réalité plus « technique », centrée par exemple sur des techniques de la police scientifique ou bien plus en rapport avec l'actualité politique internationale. « 

« De plus, les thrillers sont écrits dans un style particulier, caractérisé par une grande vitesse narrative, d'où l'expression «page turner » qui désigne des livres qui tiennent tellement en haleine que le lecteur ne réussit plus à les fermer. Ce sous-genre dont la définition est floue et qui englobe donc des auteurs totalement opposés crée la confusion au sein des maisons d'édition : entre thrillers « féminins » (les Mary Higgins Clark ou Patricia Cornwell) et les thrillers « masculins », la différence est de poids..."

Les poles.

« Le premier pôle est appelé le « pôle gestionnaire commercial ». Ici, les objectifs de concurrence et les contraintes commerciales sont intégrés par la collection qui va tenter de prendre en compte ce qu'elle perçoit comme les exigences de son lectorat. Ainsi, elle met en avant ses auteurs de best-sellers ou ses chiffres de ventes faramineux.

"De ce fait, elle possède un catalogue d'auteurs et de titres impressionnants et importe de nombreux auteurs. « Le Masque », « Laffont » et « Albin Michel » entrent dans cette catégorie."

Le deuxième pôle est le « pôle académique légitime » : il est consacré par le biais de prix littéraires et l'aval de la critique. Il est doté d'un capital symbolique fort et peut donc cibler ses « coups de promotion » sur un auteur particulier, reconnu par tous. Souvent, les directeurs de ces collections sont d'anciens auteurs ou des professionnels du milieu policier. Il s'agit des collections « Gallimard, Série Noire », « Rivages » ou « 10/18 ».
 L'étude ici : http://doc.sciencespo-lyon.fr/Ressources/Documents/Etudiants/Memoires/Cyberdocs/MFE2007/gadiollet_e/pdf/gadiollet_e.pdf
" Enfin, le dernier pôle est le « pôle des entrants innovateurs » : ces collections ont de l'ambition et jouent sur des succès commerciaux et une certaine reconnaissance par les instances de consécration légitimes. Cependant, elles insistent sur l'aspect intellectuel de leurs choix d'auteurs, revendiquant une place pour la littérature policière au même titre que la littérature « blanche ». On peut citer « Viviane Hamy » ou « L'Atalante »
  • Découvrir le nouveau roman de Thierry Brun. Editions Le Passage. La Ligne de Tir : Révélation.

Film français vigoureux romantique

Les Combattants


"A la question « Si vous étiez une athlète, vous seriez... ? », Adèle Haenel répond d'un coup de menton : « Pourquoi si ? »"

"Avec ce film, l'actrice confirme qu'elle est l'un des corps les plus vigoureux du cinéma français. Planté, sculptural, animal même, parfois. Tout entier tendu vers l'essentiel, exactement comme son personnage, qui n'a pas de temps à perdre. D'un naturel pessimiste, Madeleine se prépare à survivre aux catastrophes qui ne manqueront pas de se produire dans un futur proche : réchauffement climatique, pollution chimique, surpopulation... "
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"Dotée d'une carrure de videur, elle nage des kilomètres avec un sac à dos bourré de briques, boit des smoothies de maquereaux et exerce sur toutes choses un pragmatisme rugueux. « Pour quoi faire ? » demande-t-elle à l'imprudent qui ose lui proposer quelque chose d'aussi incongru qu'une soirée en tête à tête. L'imprudent, c'est Arnaud, un jeune type doux, un peu flottant, qui s'apprête à reprendre avec son frère l'entreprise d'abris de jardin de son père, tout juste décédé. "
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"Madeleine et Arnaud n'ont rien à faire ensemble et se retrouvent pourtant dans le même stage de survie de l'armée de terre..."
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En observant le télescopage de ces deux personnages parfaitement op­posés, Thomas Cailley (déjà auteur d'un court métrage remarqué, Paris-Shanghai, Prix du public au festival d'Angers en 2011) s'amuse avec les codes de la comédie romantique. Mais pas seulement. Ce jeune cinéaste a une aisance bluffante à glisser d'un genre à l'autre : du film de potes au récit catastrophe en passant par la co­médie militaire (les scènes dans la caserne sont hilarantes) et romantique, lors d'une parenthèse plus ou moins enchantée pour le duo transi d'amour.

http://www.telerama.fr/cinema/films/les-combattants,492070.php
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Surprenant de bout en bout, irrésistiblement drôle, Les Combattants aborde les choses graves — la destruction de l'homme par l'homme, l'ultra-indivualisme contemporain — avec un humour tendre et acide. La tendresse et la sensualité surgissent comme par inadvertance, notamment lors du moment splendide où, dans la caserne, Arnaud et Madeleine se maquillent mutuellement en vue d'un exercice de camouflage. Au fur et à mesure que les visages disparaissent sous la peinture, les coeurs se mettent à nu. Dans une nature exubérante, comme un éden sylvestre et maritime qui n'est pas sans danger (les Pyrénées-Atlantiques, dont le réalisateur est originaire), leur osmose amoureuse ressemble à une bulle, d'autant plus intense que fragile. Avec cette belle idée que l'amour désarme et que la survie passera, aussi, par la solidarité. — Mathilde Blottière
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  • Découvrir le nouveau roman de Thierry Brun. Editions Le Passage. La Ligne de Tir : Révélation.