American Airlines

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Thierry Brun, Editions Kubik, American Airlines

mardi 30 septembre 2014

Roman Noir Racines Thriller Histoire

Histoire du roman noir, les racines

21 mai 2010 christophe siébert
Les racines du roman noir, style littéraire.



Il est possible de remonter loin. Jusqu'au roman gothique du dix-neuvième siècle. Et même se dire qu'Oedipus Rex, la tragédie de Sophocle, est le prototype du roman noir.
Dans la foulée d'un tel raisonnement il n'y a plus qu'à ouvrir un grand sac, y fourrer Dostoïevski, Hemingway, les Mystères de Paris et secouer un grand coup. Pour autant ni Chandler ni Hammet n'en sortiront.

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Noir


De toutes les causes engendrant le roman noir aucune n'est d'ordre littéraire. Le roman noir n'est ni la continuation d'une école ni le travail d'intellectuels ou d'esthètes. Mêmes si intellectuels et esthètes s'en empareront très tôt.

Non, les causes sont techniques, historiques et sociales.

La diffusion en masse de la chose imprimée d'abord, qui rendra possible une littérature bon marché et populaire.
L'échec des révolutions ensuite. Marxisme, anarchisme, toutes les utopies se prennent le retour de bâton de la crise de 29. L'occident sombre dans la corruption, la pauvreté, la violence ; il commence de fabriquer les conditions de la seconde guerre mondiale et du nazisme ; il entre dans une dépression tenace. .

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La mort de Dieu enfin, abondamment théorisée depuis. Le capitalisme comme seul horizon. Le nihilisme matérialiste et le désespoir qui en découlent. L'idée que la vie est bornée, que l'éternité était un mensonge et que la mort ruine tout. Le sentiment que durant ce bref moment appelé la vie les chances de se marrer un coup sont proches de zéro et que c'est de la faute des politiciens, des flics, des hommes d'affaire et du crime organisé. Les cendres des dernières révolutions sont encore tièdes et la réalité de la répression encore sous les yeux. Plus personne n'envisage l'action directe. Il est davantage question de trouver du boulot, de nourrir sa famille, de courber l'échine.
Une telle situation produit une frustration terrible. Cette frustration demande d'être compensée.

La compensation viendra de la fiction.

Là voilà la nouveauté.
Voilà ce que le vingtième siècle apporte. Des héros sans peur, des histoires violentes et sexy où la mort et le danger rodent et où le bien triomphe.
Ce siècle offre aux masses écrasées et vaincues Rouletabille, Superman et même James Bond.
Et ce siècle apporte également, comme un contre-exemple, le roman noir.
Le roman noir est une littérature populaire qui entend décrire sans détourner les yeux, sans enjoliver, sans mentir, le monde dans lequel il éclot. La fonction du roman noir n'est pas de détourner le lecteur des problèmes réels mais de le distraire en utilisant les problèmes réels comme matériau de base.

L'enjeu du roman noir est de produire une fiction populaire qui parle de la violence, de la corruption, du chômage, du crime organisé et de l'impossibilité faite à l'homme de la rue d'obtenir les conditions matérielles d'une vie agréable. L'idée du roman noir est de dépeindre des individus qui observent cette crasse et de temps à autres se dressent, avec héroïsme mais sans illusion, et tentent à la petite cuillère de nettoyer les écuries d'Augias.

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La beauté du roman noir est de montrer dans le même moment la réussite ponctuelle de ces individus (c'est sa fonction compensatoire) et l'échec de leur geste (c'est sa fonction réaliste). Sa beauté, et sa tristesse, c'est de montrer la jouissance qu'il y a à abattre un flic corrompu et de montrer dans le même mouvement que celui qui fait ça mourra à son tour et que son geste ne changera rien à la corruption généralisée.

Sa beauté et sa poésie, c'est de montrer qu'il est possible de démanteler un réseau de drogue et de rendre plus propre une portion de la ville cependant qu'ailleurs dans la ville, la drogue est toujours là et les enfants meurent toujours.

C'est pour cela qu'il faut aimer le roman noir.
Dans une prochaine causerie, il sera question plus précisément du contenu propre à ce genre.
. http://polar.suite101.fr/article.cfm/histoire-du-roman-noir-1.




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Thriller. Découvrir le nouveau roman de Thierry Brun. Editions Le Passage. La Ligne de Tir : Révélation.

Thriller Comics de Franck Miller.

Sin City : j'ai tué pour elle



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Synopsis :

" Dans une ville où la justice est impuissante, les plus désespérés réclament vengeance et les criminels les plus impitoyables sont poursuivis par des milices. Marv se demande comment il a fait pour échouer au milieu d'un tas de cadavres. Johnny, jeune joueur sûr de lui, débarque à Sin City et ose affronter la plus redoutable crapule de la ville, le sénateur Roark. Dwight vit son ultime face-à-face avec Ava Lord, la femme de ses rêves, mais aussi de ses cauchemars. De son côté, Nancy est dévastée par le suicide de John qui, par son geste, a cherché à la protéger."


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" Sans aucune équivalence dans le cinéma américain, où les adaptations de comics semblent toutes ou presque coulées dans le même moule, l'esthétique rétrofuturiste de la série produit toujours le même effet de sidération éphémère. Dès la séquence d'ouverture de cette suite plus ou moins directe, où l'on découvre le personnage de Marv (Mickey Rourke) s'extrayant de la carcasse fumante d'une voiture accidentée, les auteurs renouent avec tout ce qui fait le style de Sin City : cette alliance de l'hyper sophistication numérique et du dessin le plus rudimentaire, ce noir et blanc profond taché d'éclats rouge sang, ces plans kaléidoscopiques où plusieurs couches d'images se confondent jusqu'à l'abstraction."

 
" Mais aussi spectaculaires soient-ils, ces effets se heurtent comme dans le premier volet au risque de l'enluminure indigeste, et la petite machine formelle des cinéastes finit très vite par tourner à vide."


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" Repassant par toutes les stations du précédent film (le claque miteux du Kadie's Club, la ville underground tenue par des amazones, le manoir isolé de la famille Roark), cette suite confirme que le grand drame de Sin City est surtout la longueur, que sa virtuosité immédiate s'abîme dans la répétition des même motifs, des mêmes tours de force. Dans la veine feuilletonesque de l'original, le récit souffre lui aussi de cette impression de boucle stérile, répétant ad libitum des situations et enjeux déjà formulés avant."

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La suite ici : http://www.lesinrocks.com/cinema/films-a-l-affiche/sin-city-jai-tue/


Un second point de vue  :

"... dans les abysses de la vulgarité dans la mesure où chaque personnage féminin est outrancièrement caricatural. Elles sont , danseuses, vénales. Le tome original est une œuvre majeure dans la carrière de Miller, probablement l'un de ses meilleurs écrits. Cependant, adapté au cinéma, il permet à une partie naïve du public de Rodriguez (selon qui la supposée femme fatale est une déesse réduite à ses charmes pour manipuler les hommes, qui sont d'ailleurs tout à fait idiots) d'adopter une attitude voyeuriste. Mais ceci n'est qu'un détail dans l'immense marrée de dégueulis que constitue Sin City : j'ai tué pour elle."


http://cinoche-series.fr/2014/09/sin-city-jai-tue-robert-rodriguez-frank-miller/

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Série Evènement : Paris . Arte.

Série Evènement : Paris . Arte.

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"Projetée en avant-première au Festival de la fiction TV de La Rochelle, Paris va faire parler d'elle l'année prochaine. A l'origine du projet, on retrouve le tandem Virginie Brac / Gilles Bannier, à l'oeuvre sur la saison 2 d'Engrenages et Les Beaux Mecs."

" La scénariste a imaginé une histoire de destins croisés sur 24 heures, entre une poignée de personnages issus de milieux sociaux très différents : le premier ministre et son entourage, une chanteuse de cabaret transsexuelle, un hommes d'affaire un peu voyou sur les bords..."
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"Rassurons les allergiques au cinéma de Claude Lelouch, Paris ne donne pas dans le romantisme échevelé. Filmée avec élégance et sobriété par Gilles Bannier, elle se distingue notamment par de jolies scènes de la nuit parisienne, qui convoquent le souvenir de Pigalle, la nuit. Le réalisateur réussit surtout à donner une unité à Paris malgré des ambiances, une lumière et un ton très différents selon les personnages suivis. Au scénario, l'auteur Virginie Brac prend son temps pour présenter ses différents protagonistes, sans donner pour autant l'impression de faire du sur-place."paris 3
"Ils représentent chacun l'un des visages de la capitale, lieu de pouvoir mais aussi de luttes sociales, où les Parisiens nantis croisent les classes les plus populaires. Paris change de peau quand vient la nuit. D'autres personnages entrent en scène. Parmi eux, le rappeur Kool Shen pour son premier rôle télé, et surtout l'actrice Sarah-Jane Sauvegrain. Elle incarne avec talent Alexia, une transsexuelle solaire qui fera date dans l'histoire des séries françaises. A la manière de l'anglaise Hit & Miss (avec Chloë Sevigny), Gilles Bannier ose une scène bien "couillue”, évitant tout voyeurisme ou sensation de provoc' gratuite. Au-delà de cette séquence qui fera forcément jaser lors de sa diffusion, le personnage d'Alexia, généreux et authentique, est le pivot de ce chassé-croisé parisien. Moulée dans sa robe étincelante, elle apparaît dès la première scène de la mini-série, lumineuse et envoûtante, entonnant une chanson de sa voix énigmatique, se déhanchant sur l'estrade d'un cabaret aux couleurs chaudes."

" Plus tard, elle fera le lien entre toutes les classes sociales représentées dans la série. C'est inévitable dans une œuvre chorale, en particulier faite de destins croisés : certains arcs narratifs fonctionnent mieux que d'autres. Chez les Parisiens nantis, l'intrigue autour du Premier Ministre (Eric Caravaca) et de sa femme (Florence Pernel dans un rôle caricatural de bourgeoise à côté de la plaque) est clairement la plus faible. Les coulisses du pouvoir ont été mieux abordées dans bien d'autres œuvres ciné ou sérielles. On aime davantage l'idée de suivre les aventures tragi-comiques des chauffeurs de la RATP, sujet d'actu toujours brûlant dès que le mot grève est lâché, paradoxalement très peu évoqué en fiction.

" Les deux premiers épisodes que nous avons pu voir sont dans l'ensemble réussis et accrocheurs, ce qui n'était pas gagné d'avance avec un projet de cette ambition. Le Paris vu par Arte donne envie de s'y attarder, de redécouvrir les rues, les quartiers et les habitants d'une ville très souvent mise en scène, et qui conserve pourtant un pouvoir d'attraction indéniable."

http://www.chronicart.com/series/paris-preview/


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Thriller. Découvrir le nouveau roman de Thierry Brun. Editions Le Passage. La Ligne de Tir : Révélation.

Red Room Lounge - Megan Abbott

 
Red Room Lounge - Megan Abbott

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Synopsis :
 

"Lora et Bill King sont des frères et soeurs inséparables. Lui est enquêteur au bureau du procureur de Californie, elle enseigne dans un lycée pour fille de Pasadena. Depuis leur plus tendre enfance, ils font tout ensembles et partagent tous leurs secrets.


Lorsque Bill rencontre Alice Steele, l'harmonie du couple frère-sœur est menacée. Lora adopte aussitôt pour une posture défensive, agressive envers la nouvelle venue … même si Alice multiplie les gestes d'appaisement à son égar. Il faut dire que cette dernière est une parfaite femme de maison : excellente cuisinière, épouse fidèle et dévouée et animatrice de soirées hors paire. Peut-être trop parfaite aux yeux de Lora qui soupsonne que tant de perfection cache quelques noirceurs soigneusement dissimulées."

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Tout d'abord, les deux femmes s'observent, se toisent, se jaugent du regard, cherchant les défauts dans la cuirasse de l'autre, puis les premières escarmouches arrivent, d'abord à fleurets mouchetés, puis de plus en plus blessantes, jusqu'au duel final où l'une des deux rivales devra céder ou périr."
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Critique :


" Red Room Lounge est un vrai bijou de littérature, mais un diamant noir, sombre et venimeux. Rédigé uniquement du point de vue de Lora, l'intrigue se construit au fil des souvenirs de cette dernière. D'où son caractère fragmentaire et subjectif. Elle donne l'impression d'une confession, presque des aveux et laisse présager sinon un drame, du moins des événements funestes. Et lorsque l'on découvre, au fil de la lecture, la tension - sinon la haine - que se vouent les deux femmes, on imagine sans mal quelle fin tragique peut advenir."

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" C'est comme entendre l'histoire d'un conflit raconté uniquement du point de vue d'un seul des deux belligérents : on se doute que toute la vérité n'est pas là mais comme l'histoire est si bien raconté, l'on en vient à croire cette version, à oublier qu'il existe une autre version des événements – peut-être bien différente. C'est comme, aussi, assister, impuissant, à la montée en puissance d'une crise aussi inévitable que destructrice, à la venue d'un conflit que l'on pressent dans toute sa puissance meurtrière de haine et de jalousie accumulée."
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" Car c'est bien d'un conflit qu'il s'agit, d'un conflit entre deux femmes pour la conquête d'un homme. L'éternelle histoire, en somme. Mais à cette différence-ci que l'histoire se déroule à Los Angeles, la Cité des Anges, dans les années 50 sur fond de jazz (que curieusement Megan Abbott ne semble pas trop apprécier), de drogue et de cinéma."

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"Dans cette cité hantée par les lumières d'Hollywood, deux univers se rencontrent et s'affrontent : celui, feutré et poli de la petite bourgeoisie californienne, et celui rude, noir et corrosif des bas quatriers d'Hollywood. Hollywood avec ses lumières, ses bars et ses boîtes de nuit … et toute la faune qui les fréquente : stars et agents de stars, réalisateurs, entremetteurs de tous poils, putes, toxicos, macros … Côté pile, clair et lumineux, il y a Lora, petite bourgeoise prospère vivant dans la grande maison héritée de ses parents, enseignante dans un lycée de fille de Pasadena … Côté face, obscure et souterrain, il y a Alice, ancienne costumière pour l'industrie du cinéma, déracinée, usée, mais bien décidée à s'en sortir."


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" Et au milieu, il y a Bill. Lui serait plutôt du côté clair et lumineux, mais sa profession - enquêteur pour le bureau du procureur – lui met déjà un pied du côté obscur. Et tandis que Lora s'efforce de maintenir son frère du côté lumineux, Alice, lentement, le fait glisser, du côté obscur, sombre de Hollywood. Aussi, in fine, ce n'est plus tant le combat de deux femelles pour un male mais celui, manichéen, du Bien et du Mal … l'histoire éternelle de la tentation et de la chute de l'homme … sauf que, bien sûr, ici, les rôles ne sont pas aussi nettement démarqués. Si Lora appraît comme l'image de la vertu - et c'est bien normal puisque c'est elle la narratrice - des lézardes apparaissent dans sa blanche cuirace ... et ses intensions ne sont pas claires, non plus."


" Agit-elle pour sauver son frère de l'influence d'Alice ou plus prosaïquement par jalousie ? Quant à Alice, ses efforts pour paraître l'image de la parfaite femme de maison sont-ils vraiment un subterfuge, une mascarde pour cacher son jeu – ainsi que le pense Lora – ou le fruit d'une véritable volonté de se sortir de la noirceur du monde d'où elle est issue."


http://www.petrus-blog.net/tag/thriller/

Thriller. Découvrir le nouveau roman de Thierry Brun. Editions Le Passage. La Ligne de Tir : Révélation.

Les Beaux Crimes du Xixe Siècle.





Les Beaux crimes

« Dans la première moitié du XIXe siècle, la littérature et les journaux explorent de nouveaux modes de traitement des matières criminelles. Les relations romancées de «beaux crimes», les causes et souvenirs judiciaires, prennent le relais des comptes-rendus arides de la chronique des tribunaux et des résumés édifiants et moralisateurs de faits divers des feuilles volantes, des complaintes et des récits de vies de brigands de la Bibliothèque bleue. Elles assouvissent la curiosité des lecteurs et entretiennent la fascination pour les figures de criminels d'exception et les drames de cour d'assises. »
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«  La naissance du journal à grand public appuie son développement sur cet intérêt pour le crime et sur le succès du roman-feuilleton. Le Petit Journal, premier de ces quotidiens d'un genre nouveau, fait ses choux gras du roman judiciaire inventé par Émile Gaboriau et du fait divers qui montrent sous un jour nouveau le travail de la police. Les lecteurs en redemandent. »
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«  À une époque où le journal se voit interdire le traitement des matières politiques, les journalistes et les romanciers s'emparent en priorité des matières sensationnelles qu'ils font circuler dans toutes les rubriques du journal, entretenant volontairement une ambiguïté sur le statut du texte. Réalité ou fiction? peut se demander à bon droit le lecteur. Le petit reportage conquiert une forme de notoriété et fait naître une véritable fièvre de l'enquête. Le reporter, jusqu'alors simple tâcheron du journal, entre bientôt dans la fiction pour assumer à son tour le rôle d'enquêteur. »
 crime 3
«  Dans un second temps, cette étude envisage le roman policier dans ses rapports au monde contemporain et met en relief la richesse de son contenu. Le roman policier du XIXe siècle, à vocation réaliste, tend à se présenter comme un document fidèle sur le fonctionnement des institutions et des codes qui régissent la société. Témoin de son époque, il donne à voir à la fois l'endroit et l'envers de la vie contemporaine. Les thèmes qu'il développe font écho aux préoccupations de son époque, aux inquiétudes et à l'étonnement d'une société qui vit les mutations profondes de la civilisation industrielle et urbaine comme une agression et s'interroge sur ses conséquences. »
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«  Il reflète les peurs de ses contemporains, liées aux dangers nouveaux de la société, mais aussi leurs espoirs, fondés sur les progrès scientifiques et techniques. Ces romanciers ont fait œuvre de précurseurs et ont réjoui en leur temps des milliers de lecteurs avides de lire « la suite au prochain numéro ». Pour ces raisons, ils méritent de sortir de l'ombre dans laquelle le temps et une mémoire oublieuse les ont relégués »

http://www.paris-sorbonne.fr/IMG/pdf/DE_LAVERGNE_Position.pdf

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Thriller. Découvrir le nouveau roman de Thierry Brun. Editions Le Passage. La Ligne de Tir : Révélation.


Paris et le french roman noir. Modiano et Jean-Bernard Pouy

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"Le fantôme de Paris tel qui n'est plus, poursuit aussi le héros amnésique du roman pseudo-policier de Patrick Modiano Rue des Boutiques obscures (1978). Son enquête l'amène à travers des quartiers, les souvenirs vagues l'envahissent sans apaiser pour autant. Pour Modiano, Paris n'est pas seulement un plan rempli des noms des rues, son Paris est une ville d'impressions, d'émotions, de sentiments :
« J'avais marché jusqu'à la fenêtre et je regardais, en contrebas, les rails du funiculaire de Montmartre, les jardins du Sacré-Coeur et plus loin, tout Paris, avec ses lumières, ses toits, ses ombres. Dans ce dédale de rues et des boulevards, nous nous étions rencontrés un jour, Denise Coudreuse et moi. Itinéraires qui se croisent, parmi ceux que suivent des milliers et milliers de gens à travers Paris, comme mille et mille mille petites boules d'un gigantesque billard électrique, qui se cognent parfois l'une à l'autre. Et de cela, il ne restait rien, pas même la traînée lumineuse que fait le passage d'une luciole »
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" Il est quand même rare que Paris soit le sujet principal d'un roman policier. Comme
nous l'avons vu, la plupart des romanciers l'utilisent comme un décor, rarement dépourvu de charme. Même dans la métropole de Jean-Bernard Pouy qui n'est pourtant pas un endroit extrêmement réjouissant, son humour acide vise plus les habitants que la ville elle-même :
« La Place des Invalides s'aplatissait dans le rose du soir. La circulation avait lentement dépéri, et les habitants de ce quartier anesthésiés par le bon goût et l'ennui avaient soit déserté le lieu de travail ministériel, soit réintégré les appartements luxueux où le Journal Télévisé de 20 heures accaparait leurs regards
désespérément inquiets 
»
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" Les différents personnages de Pouy, conformément aux tendances du roman noir, sont déçus de se retrouver à Paris, les gares - premiers contacts avec la ville, suscitent leur aversion particulière :
« En face de la gare de Dunkerque, j'ai acheté une grosse veste en velours fourré. C'est encore l'hiver, ici. J'ai pris un billet pour Paris. Gare du Nord. Ces simples mots, gare du nord, ont fait plus que tout le reste du voyage pour me remettre en phase. Plus que l'odeur du tabac froid et celle des foules de gens pressés, plus que le bruit des haut-parleurs, plus que les interjections en français entendus au comptoir du petit café, bien sûr, je me suis précipité, commandant comme un crétin le café crème croissant dont il semble qu'on rêve depuis de longs mois. Pas de tendance madeleine à la Proust, le café crème sentait vaguement la pisse et le croissant le renfermé"

Ici et bien plus : http://is.muni.cz/th/5583/ff_d/Text_prace.pdf
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Thriller. Découvrir le nouveau roman de Thierry Brun. Editions Le Passage. La Ligne de Tir : Révélation.




Les Beaux Crimes du Xixe Siècle


Les Beaux crimes
« Dans la première moitié du XIXe siècle, la littérature et les journaux explorent de nouveaux modes de traitement des matières criminelles. Les relations romancées de «beaux crimes», les causes et souvenirs judiciaires, prennent le relais des comptes-rendus arides de la chronique des tribunaux et des résumés édifiants et moralisateurs de faits divers des feuilles volantes, des complaintes et des récits de vies de brigands de la Bibliothèque bleue. Elles assouvissent la curiosité des lecteurs et entretiennent la fascination pour les figures de criminels d'exception et les drames de cour d'assises. »
 crime
«  La naissance du journal à grand public appuie son développement sur cet intérêt pour le crime et sur le succès du roman-feuilleton. Le Petit Journal, premier de ces quotidiens d'un genre nouveau, fait ses choux gras du roman judiciaire inventé par Émile Gaboriau et du fait divers qui montrent sous un jour nouveau le travail de la police. Les lecteurs en redemandent. »
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«  À une époque où le journal se voit interdire le traitement des matières politiques, les journalistes et les romanciers s'emparent en priorité des matières sensationnelles qu'ils font circuler dans toutes les rubriques du journal, entretenant volontairement une ambiguïté sur le statut du texte. Réalité ou fiction? peut se demander à bon droit le lecteur. Le petit reportage conquiert une forme de notoriété et fait naître une véritable fièvre de l'enquête. Le reporter, jusqu'alors simple tâcheron du journal, entre bientôt dans la fiction pour assumer à son tour le rôle d'enquêteur. »
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«  Dans un second temps, cette étude envisage le roman policier dans ses rapports au monde contemporain et met en relief la richesse de son contenu. Le roman policier du XIXe siècle, à vocation réaliste, tend à se présenter comme un document fidèle sur le fonctionnement des institutions et des codes qui régissent la société. Témoin de son époque, il donne à voir à la fois l'endroit et l'envers de la vie contemporaine. Les thèmes qu'il développe font écho aux préoccupations de son époque, aux inquiétudes et à l'étonnement d'une société qui vit les mutations profondes de la civilisation industrielle et urbaine comme une agression et s'interroge sur ses conséquences. »
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«  Il reflète les peurs de ses contemporains, liées aux dangers nouveaux de la société, mais aussi leurs espoirs, fondés sur les progrès scientifiques et techniques. Ces romanciers ont fait œuvre de précurseurs et ont réjoui en leur temps des milliers de lecteurs avides de lire « la suite au prochain numéro ». Pour ces raisons, ils méritent de sortir de l'ombre dans laquelle le temps et une mémoire oublieuse les ont relégués »
http://www.paris-sorbonne.fr/IMG/pdf/DE_LAVERGNE_Position.pdf
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Thriller. Découvrir le nouveau roman de Thierry Brun. Editions Le Passage. La Ligne de Tir : Révélation.


vendredi 26 septembre 2014

Thriller et Western. Genre : Atomic


Dobermann





" Le Dobermann et sa meute sont des pros de l'attaque de fourgons et de banques. Un flic corrompu en fait une affaire personnelle et décide de les prendre en chasse en utilisant les pires expédients. Les chiens sont lâchés. Bienvenue dans le chaos!"dob






NOUVEAU WESTERN

"Le vent souffle sur le quartier de la Défense. Un cow-boy dingue du flingue, "le Dobermann", opère sa ruée vers l'or. Le shérif veut sa peau et fera tout pour l'avoir. "

" Avec ce film, nous sommes en présence d'une révision totale du western puisque, ici, il est urbain. Si les enjeux restent les mêmes - mêmes codes, mise en place de duels et de poursuites à chevaux - le bitume a remplacé le sable, les lance-roquettes ont remplacé les colts six coups et les voitures puissantes ont remplacé les diligences. Speedé par un montage aux amphétamines, destiné à faire monter l'adrénaline du spectateur, Jan Kounen assure que son film est "plus proche de la BD que du néoréalisme. En tant que tel, il peut se permettre tous les excès"."

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" Nous avons donc Yann Lepentrec alias "le Dobermann" Vincent Cassel joue de son charisme et de son manteau en cuir pour s'imposer comme le chef de meute, celui qui prend les décisions et impose sa loi. Digne descendant d'une famille de truands des années 70, le fait d'avoir eu son premier revolver le jour de son baptême en a fait un leader né. Nat la gitane, campée par la magnifique Monica Bellucci, est la petite amie du Dobermann. Muette, elle n'hésite cependant pas à donner son avis et ne se laisse pas marcher sur les pieds.  L'abbé, lui, est l'antithèse pure du clan. Habillé en curé, il se balade tout au long du film en nous balançant ses sermons à l'humour noir, tout en n'hésitant pas à flinguer du flic et à cacher une grenade dans sa bible. Face au gang du "Dob", la bande des flics n'est pas en reste non plus. ... le commissaire Sauveur Christini. Il fait une affaire personnelle de l'arrestation du Dobermann et de sa bande. Aux vues de ses méthodes expéditives et peu conventionnelles pour arriver à ses fins, cet allumé va devoir aller au bout des limites et donc se frotter à aussi féroce que lui. Tcheky Karyo incarne ici un flic violent et sadique que rien ne retient, surtout pas la poudre qu'il sniffe."
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" À grand renfort de plans hallucinants et hallucinés, de roquettes, d'une réserve de cartouches illimitée, du tableau presque bucolique d'une route de campagne à une boîte de nuit zonarde, ça n'arrête jamais, ça n'épargne personne, le tout sur un rythme dément, avec très peu de temps morts. Pour ce faire, il alterne le comique (préparation des attaques de banques) au suspense (les différentes méthodes des flics), revient au comique (attaque des banques), pour finir sur l'action et le gore (duel des deux gangs)."
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"Ainsi, si certains vont crier au scandale, ne voyant que le vertige et le vide de cette forme poussée jusqu'à l'extrême, d'autres vont crier au génie devant tant d'éclat, tant d'invention visuelle chère à Kounen. Et, comme souvent, la vérité se trouve entre les deux, car dans Dobermann, s'il y a un souci de la forme, qu'il veut bien vivante, le scénario fait preuve de quelques faiblesses et certains de ses personnages ne sont pas développés à leur juste valeur."

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"... A sa sortie, Dobermann fut interdit aux moins de 16 ans. Chose assez paradoxale du fait que le public adolescent est peut-être le plus à même de juger le film à sa juste valeur. En effet, ici, nous ne sommes pas dans Orange mécanique mais plutôt chez Bip Bip et Coyote. La violence est cartoonesque, même si plus réaliste. Les personnages sont tous plus caricaturaux les uns que les autres et ont chacun leur personnalité et leur caractérisation propre. Alors d'accord, ça flingue et dessoude à tout va sans aucun scrupule, mais on se trouve tellement dans l'anti-réalisme que tout devient exagérément fort et percutant."


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"...Mal élevé vous avez dit? Dobermann est un film de sale gosse qui saute dans la boue pour asperger tout le monde. C'est un film de génération. Un film qui explore un genre à fond, et qui donne au spectateur à réfléchir sur ses propres visions de la morale, du politiquement correct et surtout sur ce qu'il a envie de voir désormais..."

http://archive.filmdeculte.com/culte/culte.php?id=116

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  • Découvrir le nouveau roman de Thierry Brun. Editions Le Passage. La Ligne de Tir : Révélation.

Meilleur roman noir. Genre : Damné par le crime







Analyse. Les Racines du mal. 

On decrypte du Maurice G Dantec.

"...Tendre vers la connaissance du mal, c'est aussi y participer. »

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"Ainsi dans sa narration le polar en arrive-t-il très souvent à faire intervenir le lecteur, c'est-à-dire qu'il modélise ses interventions de manière à inclure ce dernier, par maints clins d'oeil entendus ou apartés directs, au sein du monde damné par le crime."

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"Cette stratégie narrative, malheureusement banalisée par une utilisation excessive en littérature populaire (les pulps surtout), vise à l'origine un autre but que le simple racolage. C'est à vrai dire tout un travail de contamination qui s'y développe, une contamination du réel non pas simplement par la fiction mais par les implications morales de celle-ci.   On tend ni plus ni moins à faire du lecteur un juge des événements relatés, à le projeter au sein de dilemmes moraux, ou plus spécifiquement au sein d'un univers dénué de toute morale."

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" Protagoniste et lecteur sont deux frères participant d'un même monde en perdition. Les polars les plus efficaces convient le lecteur à la vivisection de ses propres conceptions éthiques, ou plus généralement humaines, par la culpabilité proportionnellement induite au coeur de son plaisir de lecture. Avec Les racines du mal de Maurice Dantec, on s'approche dangereusement du point d'impact de La chute amorcée par Camus."

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" La récupération d'un modèle esthétique fait sens ici. Dantec organise sur les bases canoniques du polar un univers où peuvent se déployer certaines des facettes les plus répugnantes du crime (post)moderne: le meurtre aléatoire d'abord, avec Schaltzmann dans la première partie du roman, puis le meurtre systématisé par la famille, jusqu'à la torture et la mise à mort théâtrale devenues les bases d'une forme de secte matérialiste ct dionysiaque. « Le meurtre en série c'est, quoi qu'on en dise, le loisir absolu. Satisfaction immédiate et répétitive des désirs les plus élémentaires. Sexe-destruction»
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" Rarement le roman policier arrive à dire ce qui sommeille en son centre et rarement, en fait, s'y essaie-t-il. Pourtant, cette abjection est ce qui justifie son existence. Dantec pour sa part envisage la notion de vérité en toute connaissance de cause. C'est pour lui « l'organisation systémique des illusions qui nous protègent du néant' ». Le problème, dit-il, n'est pas tant d'arriver à trouver le langage pour nommer l'innommable, mais d'en pointer l'existence au sein du récit par le biais de sa constitution en système. La lecture proposée s'opère alors en cercles concentriques, sans cesse plus rapprochés d'un centre inaccessible'. Donner au mal l'image d'un système toujours offert au parcours de la pensée; voilà ce que suggère Dantec dans Les racines du mal. Mentionnons d'ailleurs que Deleuze et Guanari, séparant l'expérience humaine en trois axes de pensée, associent la science à une production de fonctions opérant justement à l'intérieur d'un système de référence. La perversion est rusée. Le travail du scientifique/enquêteur chez Dantec devient celui d'un dévoilement du mal, opérant à l'intérieur d'un système qui est le mal lui-même. »

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« ...Le monde déployé dans Les racines du mal est alors bien au-delà de ce que la connaissance humaine peut produire. Construire un roman deleuzien (relativiste, car substituant le chaos à l'absolu) sur les bases essentiellement positivistes et rationnelles du récit policier classique, et même hard-boiled, serait donc le projet à l'origine du roman de Dantec."

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" Que devient le dévoilement de la vérité dans un tel contexte? Peut-il simplement être celui d' une culpabilité aisément identifiable, isolée ou plutôt incarnée en un individu qu'on châtierait, qu'on écarterait aussitôt de la marche du monde? Avant même Foucault et Hitchcock, le catholique obsessionnel, savait bien que tout ceci n'est qu'entreprise de sublimation sociale du mal, et particulièrement de la culpabilité"

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" Contentons-nous pour notre part d'émettre une hypothèse quant au roman de Dantec. Dans l'univers où il nous convie, le mal peut être l'objet de la connaissance, mais cette même connaissance ne peut exister en elle-même. Elle implique aussi le sujet qui y tend dans un entrelacement qui est celui de l'observateur donnant sens à son objet et inversement, de l'objet donnant sens à son observateur par la connaissance que celui-ci en retire. De cet amalgame ressort une constatation à l'effet brutal: tendre vers la connaissance du mal, c'est aussi y participer. »
http://oic.uqam.ca/sites/oic.uqam.ca/files/documents/cf5-8-laforest-considerations_sur_les_racines_du_mal.pdf

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