American Airlines

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Thierry Brun, Editions Kubik, American Airlines

dimanche 10 janvier 2016

Meilleures Ventes. La filles du Train. Sonatine




"La Fille du train" est un roman addictif. Une fois commencé, il est difficile de le reposer. Le lecteur est complètement happé par sa structure répétitive comme par le roulis du train. Nous suivons alternativement le quotidien de 3 femmes : Rachel, la fille du train, Megan aka Jess, la jeune femme portée disparue avant sa disparition, et Anna la nouvelle femme dans la vie de l'ex mari de Rachel.

 

 

Par petites touches, l'auteur va dérouler leurs histoires et nous distiller des informations formant un grand puzzle qui ne révélera son secret qu'à la toute fin du roman. En ce qui me concerne, j'ai commencé à émettre de sérieux doutes à la mi-roman mais le mystère peut demeurer entier très longtemps si vous n'êtes pas de gros "consommateurs" de thriller. Pour autant, cela n'a pas entacher mon plaisir de lecture et j'ai tout de même savouré le final comme il se doit.

 

 

Côté écriture, ce roman ne casse pas des briques mais ses personnages sont là pour relever ce qui pourrait être une faiblesse et faire de ce premier roman, une réussite. "La Fille du train" n'est pas sans rappeler "Robe de marié" de Pierre Lemaitre ou "Avant d'aller dormir" de Steve Watson. En effet, Rachel souffre d'alcoolisme et la nuit de la disparition de Megan est pour elle un grand trou noir. Persuadée de détenir la clé du mystère, peu crédible pour la police du fait de son problème de boisson mais déterminée à démasquer le coupable, Rachel va revenir inlassablement sur ses bribes de souvenirs, sur ses convictions, ses intuitions. Le lecteur quant à lui navigue entre doutes et certitudes la concernant. Le personnage de Rachel est très bien construit et nous éprouvons tour à tour pour elle de l'empathie et de la répulsion. L'auteure nous balade avec brio et tant que toute la lumière ne sera pas faite sur cette histoire, la lecture devra se poursuivre. Attention, l'insomnie vous guette ! Rachel est un personnage très attachant et sa volonté de bien faire et d'élucider le mystère de la disparition de Megan, coûte que coûte, quelqu'en soit l'issue, est louable et démontre une force de caractère qu'elle croit avoir perdu.

 

La suite ici : http://cafardsathome.canalblog.com/archives/2015/06/08/32186100.html 

 Thriller. Découvrir le nouveau roman de Thierry Brun. Editions Le Passage. La Ligne de Tir : Révélation. 

lundi 4 janvier 2016

Enard Boussolle Meilleures Ventes

Pour donner malgré tout un fil d’Ariane à ce pensum pansu (ne vous fiez pas aux 400pp annoncées, si les passages à la ligne avaient été respectés, le livre ferait 3.726pp), l’auteur l’a coulé tel un bloc de béton dans le fleuve tumultueux de ce que mon confrère qualifie de « magnifique histoire d’amour ». Hélas, n’en déplaise à cet incurable romantique qu’est Osman Khaled, ladite romance n’est pas plus vraisemblable que ses protagonistes ne sont crédibles!



Notre musicologue insomniaque, provincial viennois quelque peu falot, passe son temps à courir, au même rythme qu’il cherche ses pantoufles, après l’objet de sa passion. (Enfin moi, je dirais plutôt après le reflet du souvenir de l’ombre de sa passion!)
Cet objet, c’est la très insaisissable Sarah, orientaliste française aux origines juives iraniennes, furieusement exotique et frénétiquement polyglotte (ou l’inverse), quant elle n’est pas passablement hystérique.
Me permettra-t-on de dire que cette Sarah, qui occupe toutes les pensées de notre brave Franz, est une vraie peste? S’il existait un prix de la cuistrerie, elle serait nominée haut la main pour le jabot d’or!



Quelques exemples parmi tant d’autres… Lors d’une expédition au mémorial de Saint-Gothard, que Sarah feint d’avoir décidée au pied levé, Franz s’aperçoit qu’elle l’a en réalité laborieusement préparée:  « [Elle] avait potassé (et pas question d’un coup de Google en ces temps déjà anciens) la vie de Hammer-Purgstall l’orientaliste, à tel point que je la soupçonnais d’avoir lu ses Mémoires, et donc de me mentir quand elle disait savoir très peu d’allemand [la demoiselle maîtrisant déjà parfaitement une multitude de langues, elle peut bien rester modeste sur celles qu’elle ne connaît qu’à moitié] ; elle avait préparé sa visite à Mogersdorf, connaissait tout de cette bataille oubliée [ayant opposé en 1664 les Ottomans aux forces du Saint-Empire] et de ses circonstances. »


Un second exemple pour la route: évoquant Ali Shariati, Gilbert de Morgan, l’abject professeur de thèse de Sarah, se tourne soudain vers celle-ci pour lui demander si Saïd mentionne l’idéologue de la révolution iranienne dans ses travaux. – Euh oui, je crois, dans Culture et impérialisme, hésite Sarah, aussi désarçonnée que si elle avait été piquée par une guêpe, mais je ne me souviens plus en quels termes. » Et Franz de commenter: « Sarah s’était mordu la lèvre avant de répondre; elle détestait être prise en défaut. Dès notre retour, elle allait se précipiter à la bibliothèque – et hurler [sic] si d’aventure les œuvres complètes de Saïd ne s’y trouvaient pas. »


Cela n’a apparemment pas empêché Osman Khaled d’adhérer aux inclinations du narrateur, voire de les partager: à lire sa critique enflammée, on croirait que lui-même en pince pour la petite arrogante.

Thriller. Découvrir le nouveau roman de Thierry Brun. Editions Le Passage. La Ligne de Tir : Révélation.