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American Airlines
Thierry Brun, Editions Kubik, American Airlines
mardi 5 juillet 2022
Epaulard, Editions Jigal : Yves Mabon, Babelio et Bibliosuf avis sur le roman policier de Thierry Brun.
"Certains romans dits
classiques ou de littérature blanche lorgnent vers le noir ou ont une intrigue
plus ou moins policière pour ossature. Rarement le contraire. Et pourtant,
Thierry Brun écrit là un roman noir qui flirte avec la littérature blanche. Pas
ou peu d'action. Sauf le départ, très tendu même avec la sécurité autour d'un
homme d'affaires. C'est détaillé, précis. La tension ne retombe pas, à chaque
page, que dis-je, à chaque phrase on s'attend à un événement dramatique. Puis,
il y a bien sûr le contrat qui finit mal et de nouveau une tension quasi
insoutenable.
Ensuite, Thierry Brun
écrit un roman sur cette femme blessée dans sa chair et dans son esprit, en
proie aux doutes, à la remise en question. Le traumatisme, la culpabilité la
rongent. Toujours en alerte, jamais en repos total, jamais en confiance,
Béatrice ne se laisse pas aller. Elle s'interroge en permanence, scrute, scanne
son entourage mais aussi les gens qu'elle rencontre. Son esprit et sa vigilance
ne sont jamais au repos. Elle tente de se faire oublier, de s'oublier pour
mieux repartir si tant est que cela lui soit possible. Pôl, le curé, la pousse
dans ses retranchements, la force à se révéler. C'est le portrait en profondeur
d'une femme qui souffre et qui sent une menace qui rôde sans pour autant
parvenir à la définir.
Saisissant et noir.
Sombre avec des touches lumineuses. Tendu même dans ce petit village d'où le
danger semble très lointain. Une écriture belle et sèche, réaliste et qui va au
plus court, qui sait néanmoins aller au plus profond des sentiments et des
questionnements. Bref, encore, un excellent choix éditorial, on ne le dira
jamais assez.
"Légère brise. Un
moment de douceur. Il dure le temps d'une respiration ou d'une soirée comme
elle les aime, au printemps, quand le soleil rougit l'horizon, que ses feux
étirent les ombres.
Debout contre la rambarde
de la terrasse, au dernier étage du Negresco, face à la mer, Béatrice laisse
s'étioler un éblouissement, le même que dans ses souvenirs, des images d'un
grenier, forteresse et solitude, dans la poussière et le toiles d'araignée,
fils d'or qui troublaient son reflet dans le vieux miroir en pied." (p. 9)"
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