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Dracula, Bram Stoker. Le Parrain, Francis Ford Coppola.  Allers et Retours
"...La notion d'inéluctable, ce fatalisme de l'éternel retour  dominent également l'évolution des personnages et leurs  actes.  Michael Corleone ne peut s'empêcher de donner la mort :  lorsque l'on a l'impression qu'il va fléchir, sa décision  n'est que différée (la mort de Carlo, celle de Fredo).          Le Colonel Kurtz, comme le Minotaure de la nouvelle de Borges,  accepte son sort d'animal "sacrifié" et meurt sous les coups de  Willard sans vraiment se défendre. On ne peut échapper  à sa condition de tueur que dans la mort, comme le  vampire ne redevient humain qu'après avoir  été - définitivment - tué.   Le personnage coppolien tente tout de même de se dresser  contre la fatalité avec obstination (Harry Caul veut empêcher  un meurtre qui lui semble inévitable dans "The Conversation",  Preston Tucker veut prouver, contre vents et marées que  son projet de "voiture de demain" doit devenir une réalité,  Michael Corleone cherchera à dégager sa famille des affaires  criminelles etc.)          Mais ces tentatives se soldent souvent par un échec ;  tout comme Peggy Sue, qui n'est pas parvenue à modifier  sa destinée, les "amants" de "BSD" ne réussissent pas  à braver la course du temps et comme dans  "One from the Heart, le rêve impossible s'achève avec le  lever du jour et le retour à l'ordre naturel de la réalité  s'impose à nouveau. 
"...Un jour ou l'autre, le cercle se referme sur lui-même.  Les rapports entre la Transylvanie et l'Angleterre dans "BSD"  rappellent ceux qui unissaient la Sicile et les USA dans  "The Godfather".   Le cinéaste insiste sur l'origine du mal, sur le berceau  ancestral de la peste, de l'épidémie  (gangstérisme ou vampirisme) qui va contaminer  d'autres terres...        À ce titre, le superbe prologue de "BSD" - de loin le meilleur ajout  de Coppola et Jim Hart au matériau original - et toute la  dernière partie du film qui sont étroitement liés et  "encerclent" le corps central du récit, constituent ce que  Thierry Jousse (Les cahiers du cinéma) appellait pour  parler des séquences en Sicile de la saga du "Parrain"  un terrifiant "retour sur les lieux du crime", motivé par  une quête obsessionnelle de la "scène primitive"  à l'origine du fléau.     
 
 
 
 
 
 
Dracula, le "revenant" est bien sûr placé sous le signe  du "retour" : tant qu'il n'est pas définitivement  éliminé, il "revient" sous diverses apparences,  toujours plus féroce. Impossible de ne pas penser à  cette scène de "The Godfather Part II" où Michael,  comme surgi des ténèbres demande à Kay de lui laisser  voir ses enfants. Vêtu de sombre, le teint blafard, les  cheveux noirs plaqués vers l'arrière, il a tout du  mort-vivant. Toute la dernière partie du film  accentue l'aspect macabre de sa silhouette. Il  n'est pas moins terrifiant que le Comte Dracula,  surgissant à la fenêtre de la chambre de ses  victimes..."     
Pouvoirs    Le vampirisme est, par excellence, une allégorie du  pouvoir, de la manipulation. L'esclave du vampire  est une marionnette, une silhouette désincarnée  à laquelle font écho les ombres chinoises du théâtre  qui voit se nouer l'idylle de Mina et Dracula et qui  rappelle le légendaire logo des affiches du "Parrain".          L'on sait que si le vampire assujettit sa victime en lui ôtant ses forces, il lui promet en retour des pouvoirs qui placent celle-ci bien au dessus du commun des mortels. Et c'est encore dans le sang et la mort que l'on échappe "définitivement" à l'emprise du vampire. Mais est-ce à dire que l'exercice d'un pouvoir extrême, voire "surhumain" finit par vider l'individu de son humanité ? Dracula et Michael Corleone semblent en faire la douloureuse expérience.      
Découvrir le nouveau roman de Thierry Brun.  Editions Le Passage. La Ligne de Tir : Révélation.    
 
 
 
 
 
  
  
  
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