American Airlines

American Airlines
Thierry Brun, Editions Kubik, American Airlines

mercredi 18 mars 2020

Polar Ce qui reste de Candeur, éditions Jigal. Extraits.


"...Delphine soupira en travaillant des jambes vers mon côté du lit. Je l’enlaçai, bouleversé par la finesse et la douceur de sa peau, caressai ses fesses en me disant que tout ça était éminemment stupide. Je refusai de l’interroger au sujet de son mari. Elle avait préparé son truc, je lui faisais confiance.
Elle me tourna le dos en se cambrant pour me faciliter les choses…
À chaque fois, c’était la même chose, je ne pouvais m’empêcher de me souvenir du temps où Anne peinait à ramper hors du lit, où elle se sentait trop faible pour nous faire un en-cas digne de ce nom. Jouir nous épuisait au point que nous ne pouvions faire le moindre mouvement.
 Je me cramponnai aux hanches de Delphine à les briser. Elle manquait de m’échapper, jouissait en donnant des coups de reins dans une espèce de roulis spasmodique. Elle m’encourageait, me remerciait. Au final, elle s’effondra sur l'oreiller en grognant.
— Eh bien maintenant, je sais, lâcha-t-elle. Je sais… Je n’en étais pas absolument sûre. Maintenant, je le sais.
Ses cernes se détendaient. Elle soupira d’aise en s’étirant. M’ausculta du regard, de la tête au pied.
— Dis donc, t’es en forme.
Je me retournai de mon côté du lit pour m’asseoir au bord.
— Rentre chez toi.
— Je t’en prie. On ne peut rien y faire, tu m’entends ? Je savais qu’on matcherait.
— Il n’y a pas de On. C’est arrivé, une fois. Mais, c’est fini.
— Tu aurais pu me renvoyer.
— J’aurais pu.
— T’en avais autant envie que moi. J’ai bien vu comment tu me matais.
Je la regardai, éberlué. Cette fille allait me causer les pires ennuis.
Elle se redressa mollement en soupesant ses seins encore durs ; elle souriait. Puis, elle alluma une cigarette. Je compris confusément que dans sa tête, elle s’installait, elle allait devenir ma galante, je comblerai ses prochaines parenthèses adultères. Je vis bien à son sourire qui refusait de disparaître qu’elle concoctait déjà un scénario qui allait plus ou moins dans ce sens.
 Je l’observai. Et voilà que la bête se réveillait, à en juger par le violent désir qui me submergea de nouveau, qui me tordit le ventre. J’étais incorrigible. Incapable de la plus petite réflexion cohérente face à la nouveauté d’un corps. Je me jetai sur elle, lui emprisonnai les bras. Elle me toisa sans desserrer les dents. Il y avait quelque chose dans son regard, comme un défi, une autorité qu’elle pensait, à juste titre, exercer sur moi. Et, je crus aussi entrevoir une forme de colère rentrée, mais je n’y pris garde. Puis tout à coup, je compris que Delphine avait dû me surveiller, ou du moins roder dans les parages. Attendre le bon moment… Et, j’en restai interdit. Mais non, elle avait certainement agi sur un coup de tête, après deux trois verres.
Quelque chose en moi avait tout déclenché, en quelques secondes. C’était du moins ce qu’elle m’expliquait en se versant un café. Elle ne se décidait pas à rentrer chez elle. Chez eux ! Je venais de faire l’amour à une femme mariée, avec tout ce que ça comportait comme conséquences possibles. Je tournai autour d’elle. Le soleil joua avec sa blondeur ébouriffée.
— Faut que t’y ailles, là..."


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