Dobermann
Genre : Saga énervée et jouissive d'un
ennemi public, braqueur de banque, chef de gang et adepte du 357 Maximum, son
parcours contrarié par les forces de police et concurrents directs.
Unité de
temps, contemporaine. Unité de lieu, un
Paris et sa banlieue réinventés en théâtres pour voyous.
Petit
retour en arrière. A l’époque, Ronald Reagan dénonce l’Union soviétique comme «
l’empire du mal », le visage de feu Jacques Mesrine s’étale sur les affiches
de cinéma, le groupe de hard-rock Trust tente en
vain de chanter le Mitard dans les prisons françaises, la France inaugure le
pouvoir mittérandiste, les derniers bastions révolutionnaires de l’ultra gauche
sombrent dans le terrorisme et les cours de
bourse explosent à la hausse. 1981.
Dans ce contexte, le Dobermann gronde pour la première fois au Fleuve Noir, collection Spécial
Police. Les personnages sonnent forts et justes, l’action prime, les dialogues claquent.
C’est rythmé comme un solo de batterie. Coup de maitre. Une série est née.
Joël Houssin, n’est déjà pas un inconnu. Depuis
1975, il publie une science fiction
sombre qui pose la question de la raison au monde. La réponse est sans
équivoque : ses personnages sont en but à des zones dévastées, livrés à la
loi de la survie, précipités dans un futur qui ne les mène nulle part.
Son nouvel héro est un bien étrange animal
ancré dans le présent. Charismatique, contemporain de George Besse, rebelle
sans étendard, il casse des banques. Il n’est ni le premier, ni le dernier
despérado des villes imaginé par les auteurs de la série Spécial Police, mais
Houssin hausse le ton et le niveau, ose la fête macabre, balance les bastos
avec joyeuseté, va ainsi à l’encontre d’une certaine prose policière,
cinématographique ou livresque.
Là, on est dans le réel. A l’américaine. L’écriture est vive, précise. Le propos,
limpide : vivre vite et mourir dans une société où le bien n’est plus représenté
par les élus. Dans le traitement de fond,
fini le criminel à la papa, même si la forme colorée par Houssin rend hommage à
Auguste Lebreton et Albert Simonin ; Raymond De Neuilly, Moustique, l’Abbé…. L’héritage,
qui flirte avec le folklore, s’arrête là.
Dans un Paris fantasmé en quelques phrases
pour planter le décor, le Dob casse la baraque et veut jouir de ce qu’il peut
arracher aux nantis. Point barre. Il te nique, et, ni il ne s'apprivoise, ni il ne s'encage.
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