American Airlines

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Thierry Brun, Editions Kubik, American Airlines

dimanche 6 septembre 2015

French Ancien Combattant en Prison

« Tu ne peux pas montrer des terroristes amoureux dans un film. Dans l’imaginaire des gens au cinéma, les terroristes ont la bave aux lèvres et les filles ont du poil aux pattes. »

Suspens polar
 


« Je suis un mec d’un monde qui a complètement disparu. Et c’est pareil avec le cinéma : le cinéma que j’aime a disparu. »

Arme
Jean Marc Rouillan.

Est-ce que le cinéma a pour vocation de retracer le réel ?
Moi, je ne marche plus dans les histoires qui se réduisent à une propagande du système. Les films dégueulent de ça, de ce pseudo apolitisme derrière le discours « Tout va bien, tout est super ». Tu es dans la reproduction du système. Mais quand tu veux apporter un point de vue critique, c’est impossible. 


 Et quand ils parlent de la classe ouvrière, c’est toujours paternaliste. Ça devient un film noir, y’a pas d’espoir. J’ai vu quelques films de Lucas Belvaux et je trouve ça plutôt bien, mais sa trilogie sur le terrorisme est aussi caricaturale que les autres. Quand je vois un personnage qui balance aux flics, les bras m’en tombent.

Police

Dans votre cas, comment ça se passe ? C’est le problème de cette interview : je n’ai pas le droit de parler de certains sujets. Je peux juste dire que, dans notre cas, on aurait pu fuir, c’était facile, on avait toutes les connexions dans les pays latino-américains, Nicaragua, Salvador… D’ailleurs énormément de camarades ont fait ce choix et ils ont continué la lutte dans ces pays-là. Ils avaient leurs raisons.
 

Nous, on a décidé d’assumer notre responsabilité, qui est un acte politique. Le fait que je ne sois pas en ce moment sur une plage à Cuba est une manière d’assumer cette responsabilité. Dans un monde qui nie toute responsabilité aux individus, c’est déjà un acte de rupture. Et ça, tu ne peux jamais le montrer au cinéma.
 
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Et comment montrer la violence, si elle n’est pas politique ? Pour moi, le meilleur reste Sam Peckinpah. Guet-apens, les scènes de braquage sont extrêmement réalistes. Tous les mouvements de caméra sont au service de l’action, il n’y a pas de dénaturation. Alors que tu regardes le remake fait il y a quinze ans, on est dans la farce.

Même celles de Heat, où ils ont utilisés des conseillers ; je regarde ça, ce n’est pas une fusillade, c’est un ballet. Parce qu’une attaque avec une dizaine de mecs qui tirent au fusil d’assaut, ça se termine avec 40 morts. Les balles ricochent et tuent à 1,5 kilomètre. Donc, c’est un truc qui ne peut pas exister. J’avais lu une interview d’un flic de Naples qui s’adressait aux jeunes de la mafia. Il les suppliait d’arrêter de se prendre pour des abrutis de Miami.

 Avant, les règlements de compte de la mafia, tu mettais deux balles dans la tête et basta, terminé. Aujourd’hui, ils veulent s’amuser avec des armes automatiques, comme dans Gomorra. Et les gars sont criblés de blessures et mettent quatre jours à crever. Aujourd’hui, ce sont les films qui influencent les criminels, plus que l’inverse.


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C’est le drame de Scarface, notamment de ce qu’il représente dans les quartiers populaires. C’est une saloperie. Quand je vais discuter avec les jeunes de ces quartiers et que je mentionne Scarface. Ils me répondent : « Ouais, Tony Montana ! Super ! » Ah oui, super : un gars qui trahit ses collègues, qui tue sa sœur, son ami... Tu es fier d’un mec comme ça ? Ce serait un mec de ton quartier qui se comporterait comme ça, tu irais le tuer de tes propres mains. Mais c’est la force des mythes dans les quartiers populaires. Nous, on se prenait pour Robin des Bois. – Propos recueillis par JB http://www.sofilm.fr/interview-jean-marc-rouillan



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Thriller. Découvrir le nouveau roman de Thierry Brun. Editions Le Passage. La Ligne de Tir : Révélation.

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