American Airlines

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Thierry Brun, Editions Kubik, American Airlines

mercredi 9 septembre 2015

Un amour impossible. Christine Angot Exécution

Un amour impossible, de Christine Angot, Flammarion.

Extatique Critique 


 ennui 

 « …C’est d’ailleurs grâce à ces dialogues qu’est perceptible ce que doit être le projet d’Angot, si d’aventure elle en a un. Angot, en effet, dans la fameuse émission Bouillon de Culture où elle atomisa Jean-Marie Laclavetine, éditeur chez Gallimard, avait déclaré qu’en écrivant L’Inceste, elle voulait prendre le risque de faire quelque chose de « pas littéraire ». Sans doute poursuit-elle ce projet, car ces dernières années, elle a renoncé à tout ce qui avait fait la marque de son style, et a évolué vers une platitude, peut-être revendiquée.


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Ce ne sont là que mes hypothèses.
Écrire plat pour montrer la vie comme elle va, ou plutôt, comme Angot le dit elle-même, écrire plat pour que les choses écrites soient tout de suite visibles, sans médiation ; c’est là le rêve de ces écrivains qui considèrent le langage et le style comme une vitre ou un paravent, et dont le projet est de les réduire au maximum, comme si les choses dont on parlait importaient plus que la façon dont on en parle. Ce n’est pas un rêve que je partage, et ce n’est pas un objectif que j’aime en littérature.
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Sans doute est-il intéressant quand il est réalisé avec art. Mais sans art, il ne peut être que ce que nous livre Christine Angot : la platitude, l’ennui, les conversations interminables, les débats sur l’opportunité de manger ou non des huitres à Strasbourg, les exclamations extatiques sur le goût succulent d’une viande au restaurant1… jusqu’aux vingt dernières pages du roman, où Christine se remet à parler avec sa mère après des années de silence, et où elle l’interroge sur son aveuglement. Comment sa mère avait-elle pu laisser son père la violer, des années durant, sans s’en douter ?
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Ces vingts pages sont particulièrement éprouvantes à lire, non pas en raison d’un sujet qui, par nature, l’est, mais parce qu’elles auraient pu être le point culminant du roman, et elles ne sont, encore une fois (je me répète, car je ne trouve pas de mots), un sommet de platitude qui fait songer, au choix, à une telenovela mexicaine captée sur la TNT une nuit d’insomnie, ou à un condensé de psychologie de magazine féminin, à base de « Tu attendais de rencontrer un méchant » (l’attrait légendaire pour le bad boy qui nourrit tant de fictions adolescentes) et de « Les choses intimes sont les plus difficiles à exprimer » (sans blague ? ).
Ces pages sont sans doute la preuve la plus flagrante de l’absence de vision de Christine Angot dans Un amour impossible. Sans style, il n’y a pas de vision. Avec un style médiocre, la vision est médiocre.
Elles provoquent en plus chez le lecteur, la sensation désagréable qu’on nous écrit ce que nous aurions dû déjà comprendre si le texte qui les précède avait été à la hauteur. De là l’impression tenace que nous avons, en tournant la dernière page de ce roman, qu’elles constituent un aveu de faiblesse d’un auteur qui se sent le besoin d’expliquer sa prose. Une prose n’a pas besoin d’explication quand elle est juste.
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Un amour impossible, de Christine Angot, Flammarion, 18 euros.

« Afin de ne pas parler dans le vide et de vous laisser juger par vous-mêmes, voici un extrait d’un dialogue tel qu’on en trouve de trop nombreux dans ce roman :
« – Oh qu’est ce qu’elle est bonne, Pierre, cette viande !
Il en a coupé un morceau et l’a mis dans sa bouche.
– Humm.
Il a fermé les yeux pour mieux l’apprécier.
– Elle est bonne hein Pierre !?
– Humm !… Ah oui. C’est rare une bonne pièce de viande. Humm !… Comme celle-ci. Bien tendre. Humm !…
– Une bonne entrecôte c’est délicieux. Elle est très bonne la viande Pierre. Tu nous as amenés dans un excellent endroit. C’est un peu abondant, mais vraiment très bon.
– Ce qui me manque en Alsace, moi, ce sont les fruits de la mer. Je ne mange jamais d’huîtres à Strasbourg, tu sais ! »


« Le redoublement de la consonne dans l’interjection chez Christine Angot. »
Vous avez quatre heures. 
 Le début et la suite ici : http://hermite-critique-litteraire.com/ benoit-poelvoorde-dans-c-est-arrive-pres-de-chez-vous-tueur-fou-a-lier

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