Analyse.
Les Racines du mal.
On decrypte du Maurice G Dantec.
"...Tendre vers la connaissance du mal, c'est aussi y participer. »
"Ainsi dans sa narration le polar en arrive-t-il très souvent à faire intervenir le lecteur, c'est-à-dire qu'il modélise ses interventions de manière à inclure ce dernier, par maints clins d'oeil entendus ou apartés directs, au sein du monde damné par le crime."
"Cette stratégie narrative, malheureusement banalisée par une utilisation excessive en littérature populaire (les pulps surtout), vise à l'origine un autre but que le simple racolage. C'est à vrai dire tout un travail de contamination qui s'y développe, une contamination du réel non pas simplement par la fiction mais par les implications morales de celle-ci. On tend ni plus ni moins à faire du lecteur un juge des événements relatés, à le projeter au sein de dilemmes moraux, ou plus spécifiquement au sein d'un univers dénué de toute morale."
" Protagoniste et lecteur sont deux frères participant d'un même monde en perdition. Les polars les plus efficaces convient le lecteur à la vivisection de ses propres conceptions éthiques, ou plus généralement humaines, par la culpabilité proportionnellement induite au coeur de son plaisir de lecture. Avec Les racines du mal de Maurice Dantec, on s'approche dangereusement du point d'impact de La chute amorcée par Camus."
" La récupération d'un modèle esthétique fait sens ici. Dantec organise sur les bases canoniques du polar un univers où peuvent se déployer certaines des facettes les plus répugnantes du crime (post)moderne: le meurtre aléatoire d'abord, avec Schaltzmann dans la première partie du roman, puis le meurtre systématisé par la famille, jusqu'à la torture et la mise à mort théâtrale devenues les bases d'une forme de secte matérialiste ct dionysiaque. « Le meurtre en série c'est, quoi qu'on en dise, le loisir absolu. Satisfaction immédiate et répétitive des désirs les plus élémentaires. Sexe-destruction»
Les Racines du mal.
On decrypte du Maurice G Dantec.
"...Tendre vers la connaissance du mal, c'est aussi y participer. »
"Ainsi dans sa narration le polar en arrive-t-il très souvent à faire intervenir le lecteur, c'est-à-dire qu'il modélise ses interventions de manière à inclure ce dernier, par maints clins d'oeil entendus ou apartés directs, au sein du monde damné par le crime."
"Cette stratégie narrative, malheureusement banalisée par une utilisation excessive en littérature populaire (les pulps surtout), vise à l'origine un autre but que le simple racolage. C'est à vrai dire tout un travail de contamination qui s'y développe, une contamination du réel non pas simplement par la fiction mais par les implications morales de celle-ci. On tend ni plus ni moins à faire du lecteur un juge des événements relatés, à le projeter au sein de dilemmes moraux, ou plus spécifiquement au sein d'un univers dénué de toute morale."
" Protagoniste et lecteur sont deux frères participant d'un même monde en perdition. Les polars les plus efficaces convient le lecteur à la vivisection de ses propres conceptions éthiques, ou plus généralement humaines, par la culpabilité proportionnellement induite au coeur de son plaisir de lecture. Avec Les racines du mal de Maurice Dantec, on s'approche dangereusement du point d'impact de La chute amorcée par Camus."
" La récupération d'un modèle esthétique fait sens ici. Dantec organise sur les bases canoniques du polar un univers où peuvent se déployer certaines des facettes les plus répugnantes du crime (post)moderne: le meurtre aléatoire d'abord, avec Schaltzmann dans la première partie du roman, puis le meurtre systématisé par la famille, jusqu'à la torture et la mise à mort théâtrale devenues les bases d'une forme de secte matérialiste ct dionysiaque. « Le meurtre en série c'est, quoi qu'on en dise, le loisir absolu. Satisfaction immédiate et répétitive des désirs les plus élémentaires. Sexe-destruction»
" Rarement le roman policier arrive à dire ce qui sommeille
en son centre et rarement, en fait, s'y essaie-t-il. Pourtant, cette
abjection est ce qui justifie son existence. Dantec pour sa part
envisage la notion de vérité en toute connaissance de cause. C'est pour lui « l'organisation systémique des illusions qui nous protègent du néant'
». Le problème, dit-il, n'est pas tant d'arriver à trouver le langage
pour nommer l'innommable, mais d'en pointer l'existence au sein du récit
par le biais de sa constitution en système. La lecture proposée s'opère
alors en cercles concentriques, sans cesse plus rapprochés d'un centre inaccessible'. Donner au mal l'image d'un système toujours offert au parcours de la pensée; voilà ce que suggère Dantec dans Les racines du mal. Mentionnons d'ailleurs que Deleuze
et Guanari, séparant l'expérience humaine en trois axes de pensée,
associent la science à une production de fonctions opérant justement à
l'intérieur d'un système de référence. La perversion est rusée.
Le travail du scientifique/enquêteur chez Dantec devient celui d'un
dévoilement du mal, opérant à l'intérieur d'un système qui est le mal lui-même. »
« ...Le
monde déployé dans Les racines du mal est alors bien au-delà de ce que
la connaissance humaine peut produire. Construire un roman deleuzien (relativiste, car substituant le chaos à l'absolu)
sur les bases essentiellement positivistes et rationnelles du récit
policier classique, et même hard-boiled, serait donc le projet à
l'origine du roman de Dantec."
" Que devient le dévoilement de la vérité dans un tel contexte? Peut-il simplement être celui d' une culpabilité aisément identifiable, isolée ou plutôt incarnée en un individu qu'on châtierait, qu'on écarterait aussitôt de la marche du monde? Avant même Foucault et Hitchcock, le catholique obsessionnel, savait bien que tout ceci n'est qu'entreprise de sublimation sociale du mal, et particulièrement de la culpabilité"
" Contentons-nous pour notre part d'émettre une hypothèse quant au roman de Dantec. Dans l'univers où il nous convie, le mal peut être l'objet de la connaissance, mais cette même connaissance ne peut exister en elle-même. Elle implique aussi le sujet qui y tend dans un entrelacement qui est celui de l'observateur donnant sens à son objet et inversement, de l'objet donnant sens à son observateur par la connaissance que celui-ci en retire. De cet amalgame ressort une constatation à l'effet brutal: tendre vers la connaissance du mal, c'est aussi y participer. »
" Que devient le dévoilement de la vérité dans un tel contexte? Peut-il simplement être celui d' une culpabilité aisément identifiable, isolée ou plutôt incarnée en un individu qu'on châtierait, qu'on écarterait aussitôt de la marche du monde? Avant même Foucault et Hitchcock, le catholique obsessionnel, savait bien que tout ceci n'est qu'entreprise de sublimation sociale du mal, et particulièrement de la culpabilité"
" Contentons-nous pour notre part d'émettre une hypothèse quant au roman de Dantec. Dans l'univers où il nous convie, le mal peut être l'objet de la connaissance, mais cette même connaissance ne peut exister en elle-même. Elle implique aussi le sujet qui y tend dans un entrelacement qui est celui de l'observateur donnant sens à son objet et inversement, de l'objet donnant sens à son observateur par la connaissance que celui-ci en retire. De cet amalgame ressort une constatation à l'effet brutal: tendre vers la connaissance du mal, c'est aussi y participer. »
http://oic.uqam.ca/sites/oic.uqam.ca/files/documents/cf5-8-laforest-considerations_sur_les_racines_du_mal.pdf
- Découvrir le nouveau roman de Thierry Brun. Editions Le Passage. La Ligne de Tir : Révélation.
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