Ennemi
Un homme seul dans un aéroport.
Son avion pour Barcelone a du retard.
Il lit…
Un autre homme l'aborde.
C'est le début d'un combat où les mots sont des armes acérées.
"Cosmétique de l'ennemi" est traversé par le suspens,
l'insolite, le baroque, le surréalisme, l'humour noir et aborde avec drôlerie
et sarcasmes des thèmes existentiels tels que le rapport à l'autre (avec toutes
ses variantes) mais également l'autre qui est en nous, l'ennemi intérieur.
Amélie Nothomb dit d'elle-même qu'elle est dialoguiste, le dialogue étant
pour elle : "un genre bien à part à mi-chemin entre le roman et le
théâtre".
"Coincé dans un
aéroport alors qu'il s'apprêtait à embarquer pour Barcelone, l'homme d'affaires
Jérôme Angust se voit contraint de supporter, en plus du retard de son avion,
la logorrhée d'un étrange individu, bien décidé à lui imposer le récit de sa
vie; Qui est donc ce Textor Texel qui le
harcèle ? Pourquoi ce raseur au passé
trouble a-t-il jeté son dévolu sur lui ?
Et si, finalement, cette rencontre n'était pas tant le fruit du hasard
que l'objet d'une préméditation diabolique destinée à l'anéantir ?"
"C'est à
une conversation que nous assistons, échangée entre deux hommes dans la salle
d'attente d'un aéroport. Jérôme Angust y est abordé par un inconnu, Textor
Texel. Ce dernier, malgré la fraîcheur qui l'accueille, s'incruste auprès du
premier et commence à lui raconter sa vie : son meurtre par procuration d'un
camarade de classe, jadis, son goût de la nourriture pour chats, son viol d'une
jeune femme dans un mausolée du cimetière Montmartre puis son assassinat, des
années plus tard. Aucune confidence ne sera épargnée à notre homme d'affaires,
ni les faits ni leurs motifs, sans oublier les démêlés intérieurs de son raseur
avec la foi religieuse, puis cette maladie de la culpabilité qui semble
préexister chez lui à toutes les monstruosités dont il dresse le catalogue,
jusqu'à son interprétation du jansénisme… "
"Quand on est destiné à
devenir un coupable, il n'est pas nécessaire d'avoir quelque chose à se
reprocher. La culpabilité se fraiera un passage par n'importe quel moyen. C'est
de la prédestination."
"En 140 pages, Amélie Nothomb nous restitue cette conversation
ininterrompue, les joutes qui surviennent entre les deux hommes, les
protestations révoltées de la victime (Angust) et le plaisir quasi extatique de
l'ennemi (Texel). La morale outragée contre l'immoralité la plus morbide. Et le
plus dérangeant, dans tout ça, c'est la façon tout aussi convaincante qu'a
chacun de défendre son idée du bonheur. Le droit chemin pour l'un et la marge
pour l'autre. Chacun y va à l'occasion de ses formules apprises, de ses
citations hautement philosophiques, n'hésite pas à citer Lu Xun, Pascal ou
Spinoza, si besoin, à l'appui de sa profession de foi. Un gentil fourre-tout de
notions inépuisables comme on n'en voudrait pas au café du coin."
"C'est toujours drôle de voir comme l'homme s'arrange bien de
ses problèmes de conscience, quel sérieux il est capable d'observer pour se
mettre en paix avec lui-même. On en a ici un exemple vivant. C'est tout le
charme de cette conversation.
"On admirera l'art consommé d'Amélie Nothomb, cette méchante gourmandise dont elle fait toujours preuve quand elle aborde les sujets les plus scabreux comme en s'en jouant, ce ton qui n'appartient qu'à elle, à la fois railleur et apitoyé, et qui nous fait sans cesse osciller entre l'horreur et l'enchantement, le grotesque et le sérieux, comme si, en fin de compte, l'important était de rire de nos illusions avant d'avoir à en pleurer."
Source : www.theatre-contemporain.net/dossiers_de_presse/cosmetique