Chronique d'un genre
"Le roman policier est donc essentiellement bâti sur l’observation et le raisonnement logique ; pour le lecteur, le plaisir procuré par ce type d’ouvrages est celui d’un jeu, d’un exercice de réflexion et de déduction, où il s’identifie au héros tout en se mesurant à lui.
Afin de ménager le suspense, l’auteur multiplie les obstacles matériels et les pièges logiques tout au long de l'enquête : plusieurs suspects, de nouveaux meurtres, des diversions et, souvent, des menaces contre l’enquêteurlui-même construisent un récit extrêmement complexe mais toujours cohérent. "
"Au cours de son enquête, le détective fait part au lecteur de tous ses indices mais non de tous les raisonnements qu’il échafaude ; il ne démasque d’ailleurs le coupable qu’à la fin, où généralement il explique par quel moyen il a dénoué l’affaire. Le héros des romans policiers traditionnels est parfois accompagné d’un acolyte plein de bonne volonté mais peu habile et peu rigoureux dans l’art de la déduction logique, qui lui sert de faire-valoir."
"Le roman policier contemporain a marqué une nette
évolution par rapport au roman policier traditionnel dans le domaine de la
caractérisation des personnages : tandis que l’enquêteur était
habituellement un professionnel et un être d’exception, l’enquêteur des récits
plus récents est un personnage ordinaire, plus proche du lecteur. Non seulement
il n’est plus policier ni détective, mais c’est malgré lui qu’il se retrouve
mêlé à un meurtre ou à une quelconque autre affaire policière : s’il se
transforme en enquêteur, c'est par nécessité — par amour, par intérêt, ou
pour « sauver sa peau », par exemple."
Une situation initiale d’équilibre est perturbée par un mystère troublant dont la résolution, après quelques péripéties, aboutit à un nouvel équilibre.
Dans le roman à énigme, peu importent les personnages de la victime et du coupable, seul compte celui de l’enquêteur.
Dans le roman noir, l’intérêt se déplace : les victimes deviennent les personnages essentiels, et l’intérêt du lecteur est plus émotif qu’intellectuel."
"Le roman à suspense, variante du précédent (et héritier du roman-feuilleton) obéit à trois principes :
- un danger menace un personnage sympathique ;
- le lecteur en sait un peu plus que le personnage enquêteur : fréquent recours au montage alterné qui donne au lecteur une longueur d’avance ;
- l’échéance fatale est connue, et généralement très rapprochée."
" Le Polar actuel, trouvant ses racines dans le roman policier feuilletoniste
du XIXe siècle, débuta comme genre non reconnu par la critique
littéraire : ainsi il avait toute la liberté de se définir comme nouveau début
d'écriture. Il ne s'adressa pas premièrement à une classe de lecteurs lettrés
et instruits, mais aux grandes masses de la population ayant juste acquis la
capacité de lire et étant curieuses d'apprendre d'autres "vies" par
la lecture : l'aventure, le départ à la recherche de moyens de contourner une
vie médiocre, la recherche de la justice, l'appel à la logique... étaient entre
autres les atouts dans les romans policiers des débuts qui prirent conscience
des conditions de vie hors de 'la bonne société"
" Ne dépendant pas du
jugement d'une critique littéraire , mais de l'acception par un grand nombre de
lecteurs, ceux des journaux et des feuilletons, le roman policier n' était pas
contraint aux normes de l'écriture concernant l'agencement de l'action, le
niveau de la langue, la construction du récit etc. et pouvait donc
s'expérimenter dans de nouveaux aspects du style littéraire. "
La suite ici : http://lettres-histoire.info
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire