" Allongeant son ombre immense / Sur le monde et sur Paris, / Quel est ce spectre aux yeux gris..."
« Je n'aurai jamais l'imprudence, / Fantômas, de parler de toi. / J'ai
trop peur de ton ombre immense / Se dressant sur mon propre toit. »
" Mais Fantômas les surclasse sous le masque..."
Sur l’affiche devenue mythique du film Fantômas de Louis
Feuillade et des premiers romans signés Souvestre et Allain, une
silhouette sombre, haut de forme et frac, dont le visage, masqué d’un
loup restera insaisissable, écrase Paris et la Seine sous son joug.
C’est Fantômas. Le maître de l’horreur et du crime diffuse la terreur
dans la capitale. Voleur, assassin, bandit, roi du déguisement et de la
fuite, Fantômas, l’anti-Arsène Lupin, est aussi l’un des plus
impressionnants succès de librairie du début de siècle.
En 1911, Paris vibre aux amours impossibles de Fandor et de la Belle
Hélène, à l’odeur du sang et à la traque sans fin de Juve. Sous les
déguisements de banquiers ou de manutentionnaires des halles, de la rue
de l’université, d’Auteuil jusqu’aux hauteurs de Belleville, le mal est
partout.
Si au fil des trente-deux volumes écrits de concert par Marcel
Allain et Pierre Souvestre puis des douze menés en solitaire par Allain,
Fantômas sous le nom de Gurn est venu du lointain Transvaal avant
d’étendre le champ d’action de ses forfaits au monde entier, Paris, où
nul n’est plus à l’abri, reste le lieu principal et l’héroïne de cette
aventure au pays du mal. De plus, les films qui, dès 1913, portent à
l’écran les aventures du maître de l’effroi contribuent aussi à
véhiculer au delà des frontières une certaine image de la ville des
Lumières, trouble, onirique, dangereuse et excitante.
Fantômas à Paris est d’abord une histoire d’auteurs
parisiens. Marcel Allain et Pierre Souvestre se rencontrent en 1907 par
l’entremise de Mariette Lemoine.
La signature de Fantômas chez Fayard naît en avril 1910 d’un
quiproquo. Les deux compères et la presse de l’époque pratiquaient en
effet les techniques marketing toujours actuelles en terme de lancement
avant la parution d’un nouveau roman-feuilleton. Nous avions alerté les
lecteurs de L’Auto, avec des notes qui passaient dans le journal et qui
étaient vraiment assez amusantes.
Nous disions : deux de nos
collaborateurs sont sur la piste d’un scandale effroyable, nous sommes
décidés à faire toute la vérité, nous publierons quoiqu’il arrive, les
découvertes qu’ils ont faites, se souvient Marcel Allain. Bunau-Varilla,
alors directeur du célèbre et influent quotidien.
A la
recherche d’un titre, Souvestre et Allain se mettent d’accord sur
“Fantomus” ; lors de la présentation du carnet de notes sur lequel sont
griffonnés les différentes possibilités, Fayard - myope peut-être - se
trompe et s’exclame Fantômas… c’est épatant ! Le héros est né.
Le
lancement même du roman aboutit selon les souvenirs de Marcel Allain à
une chute au moins aussi rocambolesque et surprenante que celle des
aventures du maître du crime. À la sortie de Fantômas, Fayard rémunérait
les auteurs mille cinq cent francs par manuscrit, soit trois centimes
par volume vendu. Cependant, quand les deux auteurs se présentèrent à la
caisse après la parution des deux premiers volumes, le caissier de
Fayard refusa de les payer.
Reçus chez le directeur, les voilà prêts à
défendre bec et ongle leur dû, quand Arthème Fayard leur tend un chèque.
Dans son émotion, Marcel Allain lit deux mille deux cent francs et
s’étonne qu’il y ait eu des droits qui ne figuraient pas au contrat. Il
s’agit en fait non pas d’un chèque de 2 200 francs, ni de 22 000 francs
mais d’un chèque d’un montant total de 220 000 francs : le premier
volume ayant en effet été tiré à 800 000 exemplaires.
La suite ici : http://www.terresdecrivains.com/Le-Paris-des-Apaches-dans-Fantomas
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