Drive. Chronique Des Toiles. Thriller.
Drive.
Par Laurent Brard.
Chronique des Toiles.
" Un personnage sans histoire, sans passé, sans nom. Une coquille vide, aussi vide et sans expression que son appartement où l'on ne trouve qu'un lit, une table, une chaise et une télé (et une fenêtre...
"le cinéma c'est une fenêtre ouverte sur le monde" disait André Bazin).
Un personnage que l'auteur va faire exister par "à coups", par pulsions, pour finalement le révéler par ses actes. Un personnage qui n'existe que par ses actes, que lorsqu'il agit...
Bémol : il existe aussi quand on le regarde, surtout quand la femme et l'enfant le regardent
Renvoi à l'essence même du cinéma... peut-être même plus.
Une volonté systématique, qu'on retrouve tout au long du film, de jouer sur les codes, les conventions, "l'éducation" du spectateur, en s'appuyant sur le montage, notamment la durée, et une mise en scène qui cumule les effets de suggestions.
Le film, d'ailleurs, commence sur cette idée :
- Avant de se retrouver dans une voiture complètement banale, le personnage passe devant 3 ou 4 bagnoles type "tuning".
- Au moment du premier casse, on attend dans la bagnole. On attend que ça parte à fond les ballons (le titre "Drive"). ça part en effet, comme dans un grand film d'action, de courses poursuites et tout ça. Mais ça s'arrête aussitôt. Le type gare la bagnole derrière un camion, éteint les phares. Un peu comme si on éteignait les projecteurs. Coupez, y a plus rien à voir...
Tout le reste suit, focalisé sur ce point de friction "attente du spectateur conditionné par ses habitudes / volonté du cinéaste de jouer sur la suggestion et la durée".
On pose l'action, on la prolonge dans la durée et la lenteur (premier quart du film, tout en contemplation). Puis un événement la lance, la relance, l'accélère, l'entraîne vers une pente plus conventionnelle... puis elle se re-pose... jusqu'à ce qu'un événement détonnateur déclenche une réaction en chaîne que rien ne pourra plus arrêter, calmer...
Sauf, sauf, ce baiser interminable dans l'ascenseur, baiser au cours duquel le personnage écarte la jeune femme, tandis que le réalisateur, lui, écarte du champ la menace, ce tueur armé, pour gagner du temps, pour donner du temps à ses personnages... pour poser l'action, encore une fois, à un moment où les codes ne le tolèrent pas...
Drive, est un film dans lequel l'auteur reprend le pouvoir, non plus seulement sur le producteur, mais aussi, et c'est là que ça en fait à mon sens un film important, sur le spectateur."
Par Laurent Brard.
Chronique des Toiles.
" Un personnage sans histoire, sans passé, sans nom. Une coquille vide, aussi vide et sans expression que son appartement où l'on ne trouve qu'un lit, une table, une chaise et une télé (et une fenêtre...
"le cinéma c'est une fenêtre ouverte sur le monde" disait André Bazin).
Un personnage que l'auteur va faire exister par "à coups", par pulsions, pour finalement le révéler par ses actes. Un personnage qui n'existe que par ses actes, que lorsqu'il agit...
Bémol : il existe aussi quand on le regarde, surtout quand la femme et l'enfant le regardent
Renvoi à l'essence même du cinéma... peut-être même plus.
Une volonté systématique, qu'on retrouve tout au long du film, de jouer sur les codes, les conventions, "l'éducation" du spectateur, en s'appuyant sur le montage, notamment la durée, et une mise en scène qui cumule les effets de suggestions.
Le film, d'ailleurs, commence sur cette idée :
- Avant de se retrouver dans une voiture complètement banale, le personnage passe devant 3 ou 4 bagnoles type "tuning".
- Au moment du premier casse, on attend dans la bagnole. On attend que ça parte à fond les ballons (le titre "Drive"). ça part en effet, comme dans un grand film d'action, de courses poursuites et tout ça. Mais ça s'arrête aussitôt. Le type gare la bagnole derrière un camion, éteint les phares. Un peu comme si on éteignait les projecteurs. Coupez, y a plus rien à voir...
Tout le reste suit, focalisé sur ce point de friction "attente du spectateur conditionné par ses habitudes / volonté du cinéaste de jouer sur la suggestion et la durée".
On pose l'action, on la prolonge dans la durée et la lenteur (premier quart du film, tout en contemplation). Puis un événement la lance, la relance, l'accélère, l'entraîne vers une pente plus conventionnelle... puis elle se re-pose... jusqu'à ce qu'un événement détonnateur déclenche une réaction en chaîne que rien ne pourra plus arrêter, calmer...
Sauf, sauf, ce baiser interminable dans l'ascenseur, baiser au cours duquel le personnage écarte la jeune femme, tandis que le réalisateur, lui, écarte du champ la menace, ce tueur armé, pour gagner du temps, pour donner du temps à ses personnages... pour poser l'action, encore une fois, à un moment où les codes ne le tolèrent pas...
Drive, est un film dans lequel l'auteur reprend le pouvoir, non plus seulement sur le producteur, mais aussi, et c'est là que ça en fait à mon sens un film important, sur le spectateur."
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