Les Guerriers de la nuit ( The Warriors )
"Walter Hill, réalisateur de 48 Heures (48 Hrs [1982]) et de sa suite 48 Heures de plus (Another 48 Hrs [1990]), ou encore d'un gentil navet avec Arnold Schwartzenegger, Double Détente (Red Heat [1988]), a aussi mis en scène des films moins mainstream et consensuels.
Respectivement troisième et cinquième oeuvres de sa carrière, Les Guerriers de la Nuit (The Warriors [1979]) et Sans Retour (Southern Comfort [1981]) en sont peut-être les preuves les plus éloquentes. D'une tonalité totalement opposée, ces films peuvent néanmoins être considérés comme deux oeuvres-jumelles.
Effectivement, bien qu'apparement très différents, ils racontent peu ou prou la même histoire : celle d'un groupe de neuf hommes devant traverser un territoire hostile, luttant sans arme pour sa survie et en proie à une lutte intestine acharnée après la rapide perte de son leader.
http://www.revue-eclipses.com/les-guerriers-de-la-nuit-sans-retour/revoir/la-conquete-de-l-espace-20.html
Les Guerriers de la Nuit raconte la nuit mouvementée
de neuf membres des Warriors, gang new-yorkais accusé d'avoir fait
assassiner le grand parrain du banditisme de la Grosse Pomme, cherchant à
regagner leur quartier de Coney Island, pourchassés tout au long de leur trajet par la centaine de gangs ennemis que compte New York ainsi que par la police.
Nous parlons plus haut de "divertissement hitchcockien" pour définir succinctement le film et nous ne saurions trouver mieux ; Walter Hill reprend et détourne en effet dans Les Guerriers de la Nuit l'une des grandes composantes des thrillers du Maître anglais : le personnage de l'innocent injustement accusé et qui doit se battre pour se disculper.
Ici, les "innocents" sont moins innocents que gangsters ; la lutte des Warriors vise moins la disculpation (ils sont nécessairement coupables, même si ce n'est pas de ce qui leur est reproché dans la diégèse du film) que la survie, notion qui, paradoxalement, va ici de paire avec une mise en danger permanente, étant donné qu'ils ne pourront rejoindre leur territoire qu'en traversant celui des autres gangs."
De ce point de vue, le film adopte une structure narrative en paliers qui n'est pas si éloignée de celle de certains jeux vidéos. Les quartiers traversés sont autant de niveaux, les gangsters ennemis autant d'épreuves permettant de capitaliser pour le niveau suivant (la scène de baston dans le parc, à l'issue de laquelle les Warriors récupèrent les battes de baseball de leurs opposants).
Comme pour confirmer cette structure évolutive, chacune des étapes des Warriors est ponctuée par le discours d'une animatrice radio omnisciente, pur personnage de discours (seule sa bouche est filmée) commentant avec une violente ironie et en temps quasi réel les évolutions du gang et balançant de façon tout aussi ironique des chansons redoutablement adéquates sur les ondes.
La narration de type vidéoludique du film, d'une simplicité déconcertante (action/commentaire/action/commentaire...), aplanit littéralement le travail de Hill ; Les Guerriers de la Nuit est très clairement une oeuvre horizontale, mise en scène comme telle. Le film est motivé par le récit d'une trajectoire à peu près précise et rectiligne reliant un point A (Manhattan) à un point B (Coney Island), ligne à peu près droite que l'on pourrait tracer sur un plan (de New York).
http://www.revue-eclipses.com/les-guerriers-de-la-nuit-sans-retour/revoir/la-conquete-de-l-espace-20.html
Pour raconter l'horizontalité de cette trajectoire, Walter Hill ne fait rien d'autre que d'aplanir une ville plus couramment montrée comme un espace vertical (les gratte-ciels, la skyline...). Comment s'y prend-il ? De deux manières assez astucieuses..."
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