"...Un point de départ à la science-fiction assumée voire bis (une extraterrestre arrive sur Terre et séduit des humains), une tentation du réel (humaine après tout ?) pour un final qu'on ne peut dévoiler.
Glazer en deux films n'a pas son pareil pour dépeindre une solitude existentielle, des personnages prisonniers sous leur peau, sous leur vernis social (Anna) ou un peu de rouge à lèvres (l'héroïne sans nom d'Under the Skin jouée par Scarlett Johansson). Il n'a pas son pareil non plus pour faire ressentir la contradiction viscérale entre le corps et l'âme, exprimée jusqu'au monstrueux dans Under the Skin.
Glazer, comme les très grands cinéastes poétiques (et à mille lieues des cinéastes vraisemblants qui filment avec une équerre et un marteau), n'a pas peur de l'outrance, de l'artifice et du grotesque, n'a pas peur de semer ses spectateurs – être perdu dans son nouveau film est une bénédiction..."
"...Et l'on est perdu dans Under the Skin dès son introduction. Que voit-on ? Qu'entend-on ? Les choses s'éclairent une fois le film vu, mais on n'a jamais un train d'avance sur le personnage – nous vivons dans sa peau aussi. Est-ce une étoile ? Est-ce la lune ? Est-ce un œil ?
Cette séquence ahurissante donne le ton d'un long métrage qui va s'adresser à votre imaginaire et à vos sens comme peu de films parviennent à le faire. En n'adoptant aucune formule. Glazer mixe la science-fiction léchée et sophistiquée tombée du ciel avec le réalisme crapoteux et glauque d'Edimbourg.
Son héroïne sexuée vient du futur et du passé, elle évoque les ogresses mythiques penchées sur leur lac noir dans Oni-Baba. L'effet est renforcé par la musique, ces percussions minimalistes qui semblent être celles de kakko accompagnant un rituel immémorial parasité par des cordes stridentes..."
- Découvrir le nouveau roman de Thierry Brun. Editions Le Passage. La Ligne de Tir : Révélation.
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