" Pour avoir filmé dans une forme documentaire le carnage quotidien des abattoirs parisiens (Le Sang des bêtes) ou les corps mutilés des rescapés de la guerre 14-18, Georges Franju savait que l'horreur n'était pas le grand Autre.
Qu'elle se tenait tapie là toute proche. Et qu'on pouvait en France inventer un cinéma d'horreur délesté de toutes les ornementations baroques de la Hammer ou d'Hollywood.
Un cinéma d'horreur tramé au réalisme et à la précision documentaire. En 1960, le film n'a pas tellement d'ascendance (si ce n'est fugitivement le souvenir de Feuillade). Sa descendance en revanche est sans fin – jusqu'à l'overdose de masques blancs – et son magnétisme ne cesse de croître."
http://www.lesinrocks.com/2014/03/05/cinema/top-100-plus-beaux-films-francais-11468683/
L'histoire :
" Victime d'un terrible accident de la route Christiane (Edith Scob), la fille du célèbre professeur Génessier (Pierre Brasseur), vit recluse dans le domaine familial. Un masque cache son visage atrocement défiguré. Afin de redonner un visage à sa fille le professeur, et sa fidèle assistante (Alida Valli), n'hésitent pas à enlever des jeunes femmes et à se livrer à des greffes improbables."
" Il est question d'hétérogreffe dans cette histoire passionnelle. Hétérogreffe, voilà qui qualifie plutôt bien le style du maître. L'insolite et le trivial, le réel et l'irréel coexistent bel et bien. Il nous appartient d'exercer notre regard, d'éduquer notre œil pour déjouer les pièges du visible. Si Franju porte une attention toute particulière au quotidien, c'est en partie pour en révéler la monstruosité.
Avec la précision d'un géologue, ou d'un chirurgien plasticien, il traque les failles, les tumeurs, qui menacent la surface des choses. Dans Les Yeux sans visage, un train qui déchire le brouillard dans la profondeur de champ, un avion qui survole paisiblement un cimetière, effrayent autant qu'une meute de chiens féroces, ou qu'une escapade nocturne dans un cimetière.
La mise en scène rigoriste de Franju devient autant un gage d'honnêteté - contrairement à une idée assez répandue, Franju n'a rien d'un manipulateur - qu'une raison de s'agripper nerveusement à son fauteuil, car tout peut surgir à tout moment."
- Découvrir le nouveau roman de Thierry Brun. Editions Le Passage. La Ligne de Tir : Révélation.
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