" Bien qu'il semble plus s'inscrire dans le genre policier du thriller que dans le registre du fantastique, Nikita utilise cependant abondamment le ressort de l'effroi, de la peur, de l'angoisse de la mort et de sa mise en scène exacerbée. Le thème de l'emprise totale sur un sujet, revenu de la mort et reprogrammé en vue d'objectifs qui ne servent que ceux qui le contrôlent, évoque également le cinéma fantastique.
Sans jamais faire appel au paranormal, Nikita pourrait donc relever d'un type d'effet plus proche en définitive du cadre fantastique que du cadre logico-social d'une intrigue policière. On retrouve ainsi les thèmes du double, du changement d'identité, de l'enlèvement d'un individu par une mystérieuse organisation afin d'en faire un surhomme auquel sera dévolu l'exécution des ses basses œuvres, ou des manipulations opérées par de mystérieuses officines gouvernementales qui travailleraient dans l'ombre."
http://chr.l.free.fr/besson.htm
"...La représentation doit alors son crédit au fait de référer à une part cachée du monde, hors des normes sociales habituelles, un univers de délinquance extrême et un univers de répression extrême, qui dans les deux cas n'ont plus de comptes à rendre à l'ensemble de la communauté et à ses lois.
L'évocation d'un univers marginal permet de mettre en scène la même inquiétude qu'un univers fantastique, dans mesure où celle-ci apparaît vraisemblable dès lors que cet univers échappe aux lois rationnelles qui structurent ordinairement cette vraisemblance : on est dans l'univers du caché et du dissimulé, lui-même habituellement dissimulé, un espace d'incertitude.
La violence paroxystique qui est dès lors représentée, dès les premières séquences du film, s'exprime autant par l'outrance des effets (comme lors de la fusillade dans la pharmacie) que par la référence à des angoisses premières : Nikita abandonnée, au milieu des morts, puis menacée dans son intégrité physique et enfin privée de toute intimité.
En réalisant Nikita, Luc Besson revendique effectivement une esthétique noire, sombre, une mise en scène exacerbée de la violence, qui constituerait en quelque sorte la face obscure du Grand Bleu.
De même que dans ce film, où l'incapacité relationnelle des personnages (qui a pu être qualifiée d'autistique) semble se résoudre par la disparition dans l'élément liquide - laissant entrevoir l'idée d'une renaissance, ou du moins d'un salut par la fuite de la complexité des rapports humains dans la régression amniotique, Nikita disparaît après sa malheureuse tentative de " réinsertion sociale ".
Perpétuellement soumise à la volonté d'un autre (sa drogue ou son pygmalion), elle est condamnée à échouer dans toutes ses tentatives d'établissement de relations autonomes. Ressuscitée et refabriquée comme l'est un zombie, Nikita n'a d'autre fondement relationnel que le masque et la duperie :
: son expérience du miroir après avoir été reconditionnée ne peut lui renvoyer que l'image d'un leurre ; elle est faite pour tromper et détruire, jusqu'à ce qu'elle se retourne contre ses maîtres.."
- Découvrir le nouveau roman de Thierry Brun. Editions Le Passage. La Ligne de Tir : Révélation.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire