LES ENFERS, UNE INTERROGATION FILMIQUE
Présentation du livre:
« Cet ouvrage se propose de suivre l'histoire iconographique des enfers traditionnels, de 1895 à nos jours, pour tenter d'en dévoiler quelques survivances et métamorphoses. Que devient la représentation des enfers au cinéma au début du XXe siècle, dans un contexte culturel bouillonnant, où les traditions religieuses sont encore vivaces ? Quels éléments iconographiques perdurent ?
Que retiennent les réalisateurs de ce vaste imaginaire, à la fois charismatique et moralisateur ? Qu'éliminent-ils ? Sur quoi porte la censure ? Quels « codes infernaux » résistent encore ?
http://www.cadrage.net/films/2001aspaceodyssey/2001aspaceodyssey.html
Quelles propositions visuelles subsistent, quelles idées émergent ? Comment évoluent ces enfers dans le cinéma américain, à l'aube du XXIe siècle ? Cette traversée infernale, témoin de l'histoire de l'art, est peut-être arrivée à maturité en trouvant son terrain de jeu idéal : le cinéma. »
L'auteure : « Historienne de l'art de formation, Corinne Vuillaume est adaptatrice pour la télévision et docteure en études cinématographiques. Elle est l'auteure de nombreux textes et travaux universitaires sur le fantastique, ainsi que d'œuvres de fiction,.."
De la transcendance et de la réalité. Kubrick et la métaphysique de l'image.
Le «millénarisme», nous le savons maintenant, frappe le monde de plein fouet, le noyant d'une «trash culture» postmoderne abondant vers le recyclage des images et la défaite de la pensée et des idéologies totalisantes. En survie un éclectisme culturel et sensoriel tourné vers l'effet vertigineux du travelling avant et de l'image autoréférentiel; miroir teinté ne reflétant plus qu'un autre miroir opaque. Le cinéma, dans ce contexte, s'apparente au tour de manège, au feu d'artifice (1).
Le corps du spectateur prend le relais de son regard, le prolonge, faisant de sa chair le champ de bataille de l'image-mouvement dont la diégèse tente d'infiltrer la réalité physique (où est-ce le contraire?). Figure bien connue que ce travelling avant hypnotique, cette plongée dans les mécanismes psychologiques ascendants (archétype de la culture «rave» et «techno») dont parle Laurent Jullier dans son étude du cinéma postmoderne.
Nous en trouvons le paroxysme, voire l'annonciation, dans 2001: A SPACE ODYSSEY (1968), le classique de science-fiction de Stanley Kubrick, pourtant bien loin de cette défaite de la pensée et de cet hypnotisme cinématographique relatif à l'«après-modernité» dans laquelle nous évoluons présentement. N'est-ce pas d'ailleurs l'acte postmoderne par excellence que cette récente ressortie en salle du film de Kubrick?
Comme si l'année 2001 ne signifiait plus que par ces images que nous avons contemplées depuis 1968 et qui nous rendent nostalgiques d'un passé ayant imaginé notre «contemporanéité futuriste» de façon bien différente de ce que nous vivons vraiment aujourd'hui.
La suite très circonstanciée ici : http://www.cadrage.net/films/2001aspaceodyssey/2001aspaceodyssey.html
Détruisant les distances, l'homme spatial selon Kubrick est donc un être abruti par ses illusions. Un être qui tente d'anéantir l'espace entre l'infini de l'univers et un monde qu'il n'arrive toujours pas à maîtriser. Projetant ses rêves hors d'un sommeil sécurisant et sécurisé, il est cloisonné et aveuglé par l'impression de confort et de contrôle qu'il s'est créé.
L'homme de l'espace tente alors de réduire l'indicible (le monolithe) en une vulgaire image photographique (ou cinématographique? Kubrick questionne-t-il ici la possibilité bazinienne de rendre compte de l'indicible par la reproduction mécanique du réel?).
- Découvrir le nouveau roman de Thierry Brun. Editions Le Passage. La Ligne de Tir : Révélation.
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