France Polar.
« La naissance du roman noir. »
« Duhamel a créé initialement la Série noire
pour éditer des traductions de l'américain mais par la suite, il y
invite des auteurs français. En 1971 il publie sous le numéro 1394 de la
série Laissez bronzer les cadavres du duo Bastid - Manchette. »
« Tels ont été les débuts du phénomène
« néo-polar » qui, pris davantage au sérieux par la critique
littéraire, peut aspirer à être un des derniers mouvements littéraires
de la littérature française du XXe siècle. Aucun mouvement ne surgit du néant, le néo-polar, considéré comme la forme principale du polar des années 1970, est aussi le fruit d'idées présentes dans l'air du temps à partir de la deuxième moitié des années 1970. »
« Manchette
décrit leurs débuts ainsi : « Je vivotais dans des conditions assez
mauvaises, et nous nous sommes dit, avec Bastid : on connaît bien le polar,
pourquoi n'écrit-on pas des Série noire? On les vendrait au cinéma et
on réussirait toute sorte de choses ». Le coup a réussi, Manchette se
met ensuite à son compte et son étoile commence à monter. Il produit un
ou deux polars par an jusqu'en 1974, pour ralentir les années suivantes. »
« Souvent considéré comme l'auteur emblématique de ce nouveau courant il en est plutôt l'initiateur, le premier auteur d'une toute nouvelle génération polardeuse. Si nous revenons au début des années 70, nous pouvons constater que ce sont surtout Manchette et A.D.G. (d'ailleurs réellement opposés au niveau littéraire) qui apportent un souffle nouveau au genre noir.
Ils sont bientôt suivis par d'autres écrivains qui à leur tour
dénoncèrent «les moeurs politiques de la Ve République postgaullienne.»
« Leurs noms : Jean Vautrin, Alex Varoux ou Emmanuel Errer, appartiennent plutôt à l'histoire du genre qu'à son patrimoine. Si le genre vit un renouvellement, il subit en même temps une crise. Le roman policier ne se vend plus,
les lecteurs paraissent attirés par d'autres genres, et la crise
économique venue après le premier choc pétrolier en 1974 pèse sans doute
sur les chiffres du lectorat. En attendant des temps plus propices,
Gallimard réduit le nombre de livres noirs publiés et crée l'édition Super noire destinée à un public encore plus large. »
« C'est en 1979 que le miracle se produit. »
« Il serait aujourd'hui très difficile de trouver la véritable cause de ce nouveau boom,
mais la presse n'y est pas étrangère. En effet, si elle rentre dans le
coup, la publicité est garantie, et justement elle se met à parler «
polar ». Ce regain d'intérêt donne aussi un nouveau nom au polar
contemporain français – le terme de néo-polar est né. La Série noire voit vite apparaître un grand nombre d'autres éditions concurrentes. Ainsi naissent Fleuve noir, Sanguine, Fayard noir, Sueurs froides qui ont survécu jusqu'à nos jours et bien d'autres n'ayant pas cette chance, comme la collection Engrenage. »
« ..Presque toutes les maisons d'édition possèdent dorénavant une collection policière et le nombre de ces collections durant les dernières décennies dépasse des centaines. C'est aussi à partir de ce moment-là que la presse s'intéresse régulièrement aux événements de ce milieu bien particulier. »
« Tandis que pour les uns, l'histoire du néo-polar s'achève en 1981 (l'année de la parution du dernier roman de Manchette La position du tireur couché, mais aussi l'année de la victoire électorale de la gauche réunie sous François Mitterrand), les autres parlent de sa deuxième génération représentée justement au début des années 1980 par les premiers romans de Frédéric H. Fajardie ou Daniel Daeninckx. »
« La génération des années 1980 (quelle que soit son appellation d'origine) se révèle assez forte, bien qu'à première vue, elle pourrait paraître dispersée. Les auteurs des cette génération deviennent les porte-parole du roman noir engagé
directement issu du néo-polar des années 1970 et ce sont aussi eux qui
confirment la généralisation de cette tendance dans tout le domaine
(voir le chapitre sur la sérialité). « « Jean-Bernard Pouy qui débute en 1982 et qui lance au milieu des années 1990 le projet d'un agitpro « anarcho-gauchiste » Le Poulpe, en offre un bon exemple. Parmi
les autres auteurs, citons surtout Jean-Gérard Imbard, Jean-Claude
Izzo, Jean-François Vilar, Marc Villard, mais aussi Patrick Raynal,
Tonino Benaquista ou Tino Topin. »
« Les années 1980 voient aussi le début de Fred Vargas
(auteur énormément lu et apprécié tant en France qu'à l'étranger). Le
boom du polar ne signifie plus tellement les tirages de plus en plus
gros. Les années 1990 ainsi que le début du XXIe siècle sont marqués
surtout par un phénomène de multiplication et diversification des auteurs. »
« La génération des années 1980 vit une grave désillusion à l'égard du gouvernement socialiste qui dans l'exercice du pouvoir oublie facilement la diversité des opinions de gauche
qui avait fondé sa victoire. La politique culturelle (la moins risquée
même si elle coûte cher) reste le seul endroit où les opinions d'extrême
gauche continuent à se développer plus ou moins librement. »
Pour continuer, c'est ici : http://is.muni.cz/th/5583/ff_d/Text_prace.pdf
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