" Chauffeur de taxi, camionneur, simple fic (dans Les Faucons de la nuit, où son look n'est pas sans évoquer le Pacino de Serpico), Sylvester imprime la pellicule comme un héros de la working class avant toute chose. La persérance, la constance dans l'échec et l'humilité le définissent bien plus qu'une quelconque volonté de puissance.
Jusque dans ses plus embarrassants nanars, sa patte de screenwriter semble
indélébile et constitue souvent l'unique supplément d'âme de
productions paresseuses, capitalisant sur leur tête d'affiche. Il en va
ainsi de Driven ou encore de Staying Alive, quand Cliffhanger
annonce de manière embryonnaire le devenir de la star. En effet, ce
héros traumatisé dès l'ouverture du film par la mort d'une femme dont il
avait la responsabilité n'est jamais que la chrysalide du futur
Stallone, un personnage en avance sur son auteur, qui n'a pas encore les
épaules pour le soutenir.
C'est tout naturellement que ces éléments vont nourrir les œuvres où officient Stallone à la sortie de sa traversée du désert, en 2007. Si le dernier épisode de Rocky a longtemps était envisagé comme la chronique d'une campagne politique où l'ex-boxeur deviendrait candidat au poste de maire, l'époque et l'homme n'en sont plus là. Rocky Balboa se bat pour retrouver un peu de dignité au milieu du champ de ruines d'une existence où surnagent ici et là les épaves de sa gloire passée. Le dernier combat du boxeur touche le public au cœur, mais la chrysalide n'éclora tout à fait qu'avec l'ultime retour de John Rambo.
Désespéré, essoré et ultra-violent, le boucher laisse une dernière fois parler la poudre pour le salut d'une militante humanitaire naïve, lui faisant don d'une lucidité zébrée d'éclairs de cordite. Le cinéma d'action de Stallone est arrivé à maturité. Le comédien – scénariste - producteur – réalisateur déclinera alors continuellement ce système de valeurs, simultanément simple et complexe, poétique et barbare, une chanson de geste mettant toujours en scène un vieux briscard, prêt à accorder encore une chance au monde pourri dont il s'est retiré. La femme, élément sacré de l'aventure stallonienne y joue un rôle déterminant. Progéniture rebelle, passionaria virginale, élève zélée, elle n'est pas un trophée, plus un McGuffin mammaire ou un vulgaire love interest mais l'unique horizon salvateur.
Sly aime décidément trop ses personnages pour en faire de simples fonctions sommées de faire avancer le récit par à coups mécaniques. Et Homefront de s'imposer comme un parfait condensé de l'univers de l'artiste. Le film s'appuie longuement sur son contexte social, prend toujours le temps de décrire les tenants et aboutissants du script. On aura beau jeu de pointer du doigt les raccourcis narratif qui y abondent ou de moquer la simplicité apparente des motivations des protagonistes, ce serait oublier le soin apporté à la construction psychologique de chacun d'entre eux. Même Wynona Rider, maltraitée le temps d'une saillie automobile craspec y est traitée avec plus d'égards que toutes les bimbos victimes de Michael Bay réunies.
Que Jason Statham occupe aujourd'hui le rôle qui devait échoir à un hypothétique Rambo cinquième du nom n'a rien d'une surprise.
La chaleur de l'acteur, son aura de brute au grand cœur,
cette force qu'on imagine d'autant plus herculéenne qu'elle ne s'abat
jamais qu'à contre-cœur en font un descendant évident du tigre Balboa, lui qui s'illustra d'abord dans les farces de prolo-gangsters qui firent la gloire éphémère de Guy Ritchie.
http://www.ecranlarge.com/article-details-27170.php
Quand le working hero semble parti pour un ultime tour des popotes mercantiles (Expendables 3, Match retour...) avant une inéluctable retraite, il prend de toute évidence soin de ne pas laisser son héritage entre n'importe quelles mains. Ainsi assistons-nous en ce début d'année 2014 à l'un des plus discrets, émouvant et sincère passage de flambeau cinématographique que nous ayons vu depuis longtemps."
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Quand le working hero semble parti pour un ultime tour des popotes mercantiles (Expendables 3, Match retour...) avant une inéluctable retraite, il prend de toute évidence soin de ne pas laisser son héritage entre n'importe quelles mains. Ainsi assistons-nous en ce début d'année 2014 à l'un des plus discrets, émouvant et sincère passage de flambeau cinématographique que nous ayons vu depuis longtemps."
- Découvrir le nouveau roman de Thierry Brun. Editions Le Passage. La Ligne de Tir : Révélation.
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