Critique :
' Caryl Ferey se pose en narrateur omniscient et cela lui permet de jongler avec les différentes histoires des personnages ainsi que d'intercaler des données géopolitiques et historiques sur ce pays singulier.
Trois
personnages sont mis en avant par l'auteur et une foule de personnages
secondaires gravitent autour d'eux. Le premier qu'on découvre dans une
introduction très forte est Ali Neuman, Zoulou de son état, et chef de la police criminelle de Cap Thorn.
Très charismatique et intelligent
il porte néanmoins les stigmates de son passé ainsi que la force morale
de son père. Deux amis et collègues l'accompagnent, Dan Fletcher et
Brian Epkeen, qui eux aussi ont une vie familiale très difficile.
On
pourrait croire que Caryl Ferey nous ressort certains clichés des
romans noirs, il n'en est rien parce qu'il les dépeint avec tant de force et de précision qu'ils deviennent tous vivants, attachants et surtout profondément humains.
C'est
pour cela aussi que le lecteur est aussi passionné pour le cancer de la
femme de l'un, les relations codifiées de l'autre ou encore les
conflits entre le troisième et son ex-femme et son fils, que pour
l'intrigue principale.
Cette intrigue principale fait d'abord penser à une banale histoire de tueur en série puis à une sombre histoire de drogue mais finalement, dans ce pays explosé, la réalité est bien pire.
Les différents développements sont maîtrisés, les scènes d'actions particulièrement vivantes et réussies avec une narration très cinématographique, et finalement le suspense est omniprésent du début à la fin. La partie thriller est donc une réussite totale.
Analysons maintenant l'aspect roman noir, quasi social. Caryl Ferey a choisi de développer l'aspect documentaire sur l'Afrique du Sud à part et non pas d'utiliser des personnages prétextes pour informer le lecteur. C'est donc en début de chapitre que l'on voit régulièrement des explications succinctes et pertinentes sur l'histoire politique du pays (l'apartheid et l'après apartheid), les traditions ancestrales (sur les Zoulous principalement), les conflits inter-ethniques, la corruption de l'ensemble du système par l'argent, les dérives des multinationales, ainsi que des chiffres sur la violence quotidienne, le nombre effarant de meurtres et de viols, l'état du trafic de drogue etc. "
http://www.polars-addict.com/polars/a-decouvrir-a-l/ferey-caryl.html
"Cette analyse sociale est vraiment effrayante et ne prend presque jamais le pas sur l'intrigue principale, elle est parfaitement fondue dans le thriller.'
Le film. Zulu. Jerôme Salle
Critique :
" Zulu raconte l'histoire de deux flics en Afrique du Sud en 2013. L'un d'eux est noir et a été marqué par un évènement -qui fait la scène d'ouverture du film- étant plus jeune, en plein Apartheid. L'autre est un jeune blanc, sorte d'épave humaine, avec des cernes jusque par terre, addict aux médocs, à l'alcool et aux filles. Ils ont en commun d'être de bons flics qui, suite à un meurtre tout ce qu'il y a de plus « banal » pour ce métier, se retrouvent au coeur d'une histoire de trafic de drogues qui remontent comme on l'imagine jusqu'au passé peu glorieux du pays.
Si sur le papier, l'histoire a l'air très classique, c'est sans doute parce qu'elle le serait transposée dans un autre pays. Mais nous sommes en Afrique du Sud quelques années après la fin de l'Apartheid, et, au milieu de magnifiques paysages, la population en garde des cicatrices bien profondes et pas prêtes de s'effacer.
Malheureusement, cet aspect n'est que survolé. Certes, le film transpire l'Afrique du Sud
par tous les pores et pas seulement parce qu'il a partiellement été
tourné en Afrikaans (et en Anglais). Mais à l'instar des aventures du
milliardaire en jeans et baskets, le scénario a quelques lacunes, la
première étant de n'utiliser le contexte historique que pour justifier
certains éléments de l'histoire sans aller jusqu'à l'approfondir.
Il y avait pourtant, et sans pour autant verser dans le film politique, moyen de faire quelque chose de plus ambitieux à ce niveau-là. Qui plus est, quelques facilités scénaristiques viennent ponctuer un récit dont le début de l'enquête est construit sans complexité, comme le serait un épisode d'une série télévisée policière américaine. On ne s'ennuie jamais mais certains détails auraient mérité d'être peaufiné et d'autres plus développés (notamment le traumatisme du personnage de Whitaker, finalement pas utile, et tout le background de Bloom dont l'état n'est pas justifié).
Il y avait pourtant, et sans pour autant verser dans le film politique, moyen de faire quelque chose de plus ambitieux à ce niveau-là. Qui plus est, quelques facilités scénaristiques viennent ponctuer un récit dont le début de l'enquête est construit sans complexité, comme le serait un épisode d'une série télévisée policière américaine. On ne s'ennuie jamais mais certains détails auraient mérité d'être peaufiné et d'autres plus développés (notamment le traumatisme du personnage de Whitaker, finalement pas utile, et tout le background de Bloom dont l'état n'est pas justifié).
Mais au delà, Zulu est un film qui se suit avec beaucoup de plaisir. Forest Whitaker est très bon, mais c'est une habitude chez le comédien d'etre au dessus de la mêlée. C'est plus étonnant de la part d'Orlando Bloom, vraiment excellent dans son rôle de flic à sale gueule un peu badass, à tel point qu'on prend à rêver à une suite pour le revoir clope au bec et gun en main.
Et puis Jérôme Salle, non content de savoir s'entourer notamment d'Alexandre Desplats à la musique, n'est pas un manchot. La réalisation est très propre, alternant beaux plans larges d'Afrique du Sud et scènes d'action musclées à la caméra portée mais lisible. Le rythme est soutenu, l'histoire suffisamment bien racontée et on prend du plaisir.
http://www.cloneweb.net/critiques/critique-zulu/
Au final, ce dont souffre Zulu, c'est d'une histoire trop simpliste, trop linéaire. Tout fonctionne et on s'amuse mais malgré la qualité de ses interprètes et la force de sa mise en scène, le film de Jérôme Salle n'est qu'un polar parmi d'autres, alors qu'il avait tous les moyens de rester dans les mémoires."
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