Un ange passe à Memphis, de Marc Villard – éd. Rivages/Noir
" On croyait tout connaître de Marc Villard. Son style affilé, parmi les plus remarquables du roman noir français.
Son univers emprunt de classicisme (jazz, boxe…) et en même temps
brutalement contemporain, navigant en général entre Barbès et Les
Halles, parmi les putes, les dealers, et une nuée de laissés pour compte qui essaient de ne pas se laisser dévorer dans ce théâtre implacable.Et pourtant, avec ces six nouvelles, Villard nous cogne en pleine mâchoire.
En ouverture, Un ange passe à Memphis,
qui donne son nom au recueil. Au crépuscule des années 1960, un agent
du FBI accompagné de quelques barbouzes manigance l'assassinat de Martin
Luther King. Là où James Ellroy en aurait fait 600 pages, Villard
cisèle une novella magnétique qui, en plus, bascule à mi-parcours, sautant de l'ambiance moite et paranoïaque du Tennessee à la froideur ouatée du Dakota, dans les pas d'un journaliste qui enquête sur des villages abandonnés suite à des expropriations.
Branchés à la source, la deuxième nouvelle, replonge elle dans le 18e arrondissement, entre la rue Doudeauville, où les immeubles délabrés brûlent comme des fétus de paille, et le bourdonnement incessant du boulevard Barbès, qui ne se calme que pour pleurer la disparition de Michael Jackson, alors que ses squares cachent bien d'autres morts.
Branchés à la source, la deuxième nouvelle, replonge elle dans le 18e arrondissement, entre la rue Doudeauville, où les immeubles délabrés brûlent comme des fétus de paille, et le bourdonnement incessant du boulevard Barbès, qui ne se calme que pour pleurer la disparition de Michael Jackson, alors que ses squares cachent bien d'autres morts.
Rêche, acérée, son écriture ne prend aucun détour. Dans l'amour ou la violence,
les mots coupants de Marc Villard sont toujours soigneusement pesés
pour décupler leur pouvoir d'évocation, et renforcer encore l'addiction
qu'ils suscitent. L'urgence qui innerve ses récits donne l'impression
que tout ne tient qu'à un fil, comme sur le point de se dissoudre.
Tout Villard ici :http://laccoudoir.com/polar/un-ange-passe-a-memphis-marc-villard-3384/
Avec toujours, élégante, cette pointe d'humour à froid, qui rit des clichés qu'il réutilise ("Qu'ont-ils tous avec leurs moustiquaires dans cette région glaciaire ?”) et désamorce les situations les plus terribles, sans jamais se moquer des pauvres âmes que l'auteur couve avec une grande empathie. Désabusé, mais jamais cynique. Et jamais totalement désenchanté non plus, tant en une phrase, Villard est capable de faire surgir des images éblouissantes. Comme ces animaux incongrus qui ont réinvesti les villes fantômes d'un Dakota lunaire. Ou ces fulgurances, capables de changer un moment dramatique en un instant de grâce suspendu :
Tout Villard ici :http://laccoudoir.com/polar/un-ange-passe-a-memphis-marc-villard-3384/
Avec toujours, élégante, cette pointe d'humour à froid, qui rit des clichés qu'il réutilise ("Qu'ont-ils tous avec leurs moustiquaires dans cette région glaciaire ?”) et désamorce les situations les plus terribles, sans jamais se moquer des pauvres âmes que l'auteur couve avec une grande empathie. Désabusé, mais jamais cynique. Et jamais totalement désenchanté non plus, tant en une phrase, Villard est capable de faire surgir des images éblouissantes. Comme ces animaux incongrus qui ont réinvesti les villes fantômes d'un Dakota lunaire. Ou ces fulgurances, capables de changer un moment dramatique en un instant de grâce suspendu :
"En quelques secondes, elle est près de lui. Il ne connaît plus le chemin qui mène à Lariboisière. Il a peur. Non, il est terrifié. Elle lui prend la main et le tire en direction des voies ferrées. Maintenant ils courent et, de loin, on a l'impression qu'ils jouent.”
Découvrir le nouveau roman de Thierry Brun. Editions Le Passage. La Ligne de Tir : Révélation.
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