Les Poings contre les murs, réalisé par David Mackenzie
"C'est officiel : David Mackenzie n'a plus du tout envie de rire. Cinéaste jusqu'alors un peu « passe-partout », au service de comédies anecdotiques (Toy Boy en est le parfait exemple), Perfect Sense annonçait déjà l'approche rêche qu'il fait et ferait du cinéma désormais. Avec les Poings contre les murs, Mackenzie s'attaque au genre carcéral, en CinemaScope.
Belle surprise d'ailleurs que de voir, en premier lieu, un film qui voit la prison comme un univers à part entière, duquel le spectateur ne sortira jamais et de parvenir à le sublimer.
L'extérieur, pour les détenus, n'est d'ailleurs pas une option pour la majorité. Condamnés à perpétuité, les personnages du film luttent pour leur survie dans une asphyxiante hiérarchie des hommes que Mackenzie cherche à analyser tout du long.
"C'est officiel : David Mackenzie n'a plus du tout envie de rire. Cinéaste jusqu'alors un peu « passe-partout », au service de comédies anecdotiques (Toy Boy en est le parfait exemple), Perfect Sense annonçait déjà l'approche rêche qu'il fait et ferait du cinéma désormais. Avec les Poings contre les murs, Mackenzie s'attaque au genre carcéral, en CinemaScope.
Belle surprise d'ailleurs que de voir, en premier lieu, un film qui voit la prison comme un univers à part entière, duquel le spectateur ne sortira jamais et de parvenir à le sublimer.
L'extérieur, pour les détenus, n'est d'ailleurs pas une option pour la majorité. Condamnés à perpétuité, les personnages du film luttent pour leur survie dans une asphyxiante hiérarchie des hommes que Mackenzie cherche à analyser tout du long.
Le choix du format anamorphique
met en avant les ambitions du cinéaste britannique à faire de son film
une expérience sensitive et immersive. Porté par la force du jeune Jack
O'Connell, les Poings contre les murs fait le
choix de ne pas traiter le quotidien de cette prison anglaise mais bien
ce qu'il s'y passe, de ces quelques hommes qui y cherchent une
rédemption.
Le film, à l'instar de ces personnages, prend le temps de poser son postulat, d'accumuler la violence de chacun des êtres pour l'expulser dans des scènes de violence époustouflantes et terrifiantes. Brillamment mises en scène, elles accumulent avec audace des plans-séquences et un montage fluide qui en font des séquences, jusqu'alors, rarement vus dans des films carcéraux.
Le film, à l'instar de ces personnages, prend le temps de poser son postulat, d'accumuler la violence de chacun des êtres pour l'expulser dans des scènes de violence époustouflantes et terrifiantes. Brillamment mises en scène, elles accumulent avec audace des plans-séquences et un montage fluide qui en font des séquences, jusqu'alors, rarement vus dans des films carcéraux.
N'accumulant jamais les effets de sensationnalisme, la mise en scène de David Mackenzie joue sur l'idée d'une corde que l'on tend à l'infini. Les regards menaçants durent, les scènes de violence verbale peuvent éclater à tout moment. Les Poings contre les murs
ne ressemble à rien qu'on n'ait vu auparavant, dans le genre. Ne se
servant jamais de thématiques politiques ou sociales, à l'instar des
quelques films du genre sortis récemment (les magnifiques Dog Pound de Kim Chapiron et Un Prophète de Jean-Jacques Audiard), le film de Mackenzie joue la carte d'un plaisir à demi-avoué.
On y expie nos pulsions de violence, on rigole inconsciemment un peu de l'outrance de certaines scènes, à la manière du chef d'œuvre du genre, Bronson de Nicolas Winding Refn. La prison est ici un théâtre dans lequel chacun y cherche sa place, le rôle qu'on souhaite interpréter mais surtout qui l'on est véritablement. Malgré la noirceur habituelle des films de prison, David Mackenzie privilégie la lumière dans ce décor qui résonne comme dans une église.
Les lumières, braquées sur chacun comme sur une scène, symbolisent la construction à la fois très maîtrisée et sauvage du film. Les plans sont millimétrés mais Mackenzie semble aussi prendre grand plaisir à filmer des situations qui dérivent, pour manier différentes thématiques dans un seul et même plan. On y parle des parents, de désirs et d'une animosité qu'il faut savoir maîtriser. Les discussions entre les protagonistes sont la cure face à une nature qui peut reprendre le dessus.
On y expie nos pulsions de violence, on rigole inconsciemment un peu de l'outrance de certaines scènes, à la manière du chef d'œuvre du genre, Bronson de Nicolas Winding Refn. La prison est ici un théâtre dans lequel chacun y cherche sa place, le rôle qu'on souhaite interpréter mais surtout qui l'on est véritablement. Malgré la noirceur habituelle des films de prison, David Mackenzie privilégie la lumière dans ce décor qui résonne comme dans une église.
Les lumières, braquées sur chacun comme sur une scène, symbolisent la construction à la fois très maîtrisée et sauvage du film. Les plans sont millimétrés mais Mackenzie semble aussi prendre grand plaisir à filmer des situations qui dérivent, pour manier différentes thématiques dans un seul et même plan. On y parle des parents, de désirs et d'une animosité qu'il faut savoir maîtriser. Les discussions entre les protagonistes sont la cure face à une nature qui peut reprendre le dessus.
Acteur
animal, intraitable pendant toute la durée du métrage, Jack O'Connell,
dans le rôle de Eric Love, crève l'écran. Sa performance est vaste,
imprévisible et constamment entre deux registres, entre la violence
extrême et une émotion contenue, prête à être expulsée.
http://imwtlaredac.wordpress.com/2014/06/20/les-poings-contre-les-murs-de-david-mackenzie/
Heureusement, l'écriture admirable des seconds rôles (Rupert Friend est époustouflant) lui permet aussi de s'exprimer par l'intermédiaire des seconds rôles dont la présence de chacun est primordiale dans la reconstruction de Eric Love. Ben Mendelsohn, définitivement génial dans tous ses rôles, maîtrise aussi sa composition, au travers d'un rôle complexe du père absent. Les Poings contre les murs demeure avant tout un film sur la reconstruction. Rebâtir ce qui est encore possible, filmer des éléments éparses qu'il faut recoller malgré un contexte qui incite à la fragmentation et au silence."
http://imwtlaredac.wordpress.com/2014/06/20/les-poings-contre-les-murs-de-david-mackenzie/
Heureusement, l'écriture admirable des seconds rôles (Rupert Friend est époustouflant) lui permet aussi de s'exprimer par l'intermédiaire des seconds rôles dont la présence de chacun est primordiale dans la reconstruction de Eric Love. Ben Mendelsohn, définitivement génial dans tous ses rôles, maîtrise aussi sa composition, au travers d'un rôle complexe du père absent. Les Poings contre les murs demeure avant tout un film sur la reconstruction. Rebâtir ce qui est encore possible, filmer des éléments éparses qu'il faut recoller malgré un contexte qui incite à la fragmentation et au silence."
- Découvrir le nouveau roman de Thierry Brun. Editions Le Passage. La Ligne de Tir : Révélation.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire